La France débute donc l’année au son du canon au Mali où nous dépêchons un corps expéditionnaire, et dramatiquement pour de nos ressortissants en Algérie avec une sanglante prise d’otages.
Au Mali, le président Hollande a décidé de porter secours dans la précipitation à un pays ami aux abois.
A ce jour 1400 soldats Français se sont déployés, avec un matériel qui suit tant bien que mal, en attendant l’arrivée aléatoire d’une force africaine.
Qu’observe-t-on ?
En premier, comme d’habitude, nous intervenons tard quand il était possible dès l’été dernier, à partir du Tchad, d’empêcher la déconfiture de l’armée malienne.
En second, nous manquons des moyens d’agir, avec insuffisamment de transports que nous quémandons un peu partout et nous devons avoir recours aux renseignements américains, ce qui a déjà été mis en évidence lors de notre laborieuse intervention en Lybie.
En troisième ce qui se passe au Mali est justemennt la conséquence directe de notre amateurisme et de notre angélisme en Lybie où nous avons soutenu et armé des hommes que l’on retrouve face à nous aujourd’hui, tout comme nous persistons à le faire en Syrie , après l’avoir fait en Egypte et en Tunisie.
J’avais écrit ici le 22 aout 2011 l’article malheureusement prémonitoire « Lybie : la victoire des insurgés est-elle celle de la France ? »
Enfin l’Europe, notamment l’Allemagne, est comme d’habitude absente lorsque nous sollicitons son soutien sur les affaires extérieures. Qui s’en étonnera puisqu’il n’y a pas d’Europe en tant que nation, mais une somme d’intérêts économiques particuliers que certains voudraient fédéraliser comme on passe une couche de chaux sur la misère?
Alors quelles conclusions en tirer ?
En premier lieu qu’il n’est de bonne politique sans réalisme et sans vision.
Dans le « Manifeste pour le Renouveau » publié ici, j’ai exposé ce qui me semble aller de soi, et ce qui donc devrait s’imposer à nos dirigeants.
La France n’a plus les moyens parce qu’elle y a renoncé voici 40 ans, parce que le monde a changé, et parce qu’elle s’est fourvoyée dans l’utopie fédéraliste européenne, d’être la grande puissance universelle qu’elle fut, mais elle peut continuer de jouer un rôle essentiel si elle retrouve la volonté de peser en Europe et en Afrique comme l’Histoire l’y conduit naturellement.
En Afrique d’abord, par la proximité, mais aussi parce que nous y avons tissé durant 150 ans des liens qui font qu’aujourd’hui avec 700 millions d’habitants parlant le Français, il y a là-bas 11 francophones pour 1 en France ! Nous partageons une part de notre Histoire qui n’a pas eu que des cotés négatifs, et la Françafrique tant décriée par les bonnes âmes du renoncement, a maintenu des solidarités dont les Maliens voient l’expression concrète aujourd’hui et qui nous ont été forts utiles pour peser plus que notre poids à l’ONU.
Mais l’Afrique est aussi un continent d’un milliard d’habitants qui connait une forte croissance de plus de 5% par an depuis 2000, où une classe moyenne de 320 millions d’habitants est en train d’émerger dont 60 millions de personnes avec un revenu de 3000$ par an selon la Banque Mondiale.
Nous avons la chance d’y être économiquement, culturellement et politiquement influents encore, mais depuis 20 ans c’est la Chine qui, avide de matières premières et rencontrant notre repli croissant, nous y taille des croupières avec l’apparition d’une véritable Chinafrique qui ne semble guère préoccuper nos benêts anti Françafrique, tandis que l’Inde et les USA y prennent une part importante.
Cette Afrique pourrait devenir l’Asie de demain par sa croissance et son dynamisme !
Quelle chance dès lors pour la France si elle sait capitaliser sur ses solidarités, son implantation ancienne, mais aussi sur sa connaissance des peuples africains et sur une vision à partager de destins associés !
Imaginons ce que serait une Chine dont 700 millions d’habitants seraient francophones ?
Il est donc de toute évidence conforme à la nature des choses et à notre Histoire de remettre l’Afrique au centre de notre politique extérieure en imaginant de nouvelles voies d’association, et bien sûr en se donnant les moyens de peser de manière autonome sur les affaires de ce continent.
De là découle sur le plan militaire à l’ordre du jour, qu’il convient de renforcer les alliances sur ce continent, ce qui implique à la fois quelques investissements et surtout le recentrage de moyens accrus sur nos priorités qui ne peuvent pas être celles d’aventures lointaines comme le fut l’Afghanistan ou le serait la Syrie.
Pourtant ce dessein en Afrique ne peut aboutir si la France poursuit son déclin économique et politique dans une Europe d’épiciers que l’Allemagne veut dominer.
Les moyens qui nous manquent aujourd’hui au Mali nous manquerons plus encore demain puisque l’Europe nous impose de nouvelles coupes budgétaires qui se traduiront cette année par l’effacement de 5 milliards de commandes de matériels pour nos armées en attendant la nouvelle loi de programmation militaire qui rognera encore un peu plus que la précédente les budgets de la Défense.
Une fois encore pourtant, nous le voyons avec le peu d’empressement des nos partenaires, il faut rappeler à ce pays qui a connu le désastre pour avoir trop compté sur ses alliances, que la Défense c’est d’abord le devoir de la Nation qui doit être mise en mesure de s’en donner les moyens.
Bref, en cela comme pour l’emploi ou son système de prévoyance, la France doit retrouver la croissance que l’Europe en sa forme actuelle lui interdit, avant que l’extinction de son industrie saignée à blanc ne la conduise à l’effacement.
Ceci passe obligatoirement par une remise en cause de l’euro dans sa gestion actuelle, donc par une renégociation ferme avec l’Allemagne.
Tandis que les USA, la Chine, et maintenant le Japon, pratiquent le dumping monétaire, la Banque Centrale Européenne continue, sous l’influence de la Bundesbank qui rêve encore du Deutschemark, de maintenir un euro surévalué dans une Europe sans barrières douanières comme l’a finalement reconnu bien tardivement le Président sortant de l’Eurogroupe, Mr Junker, soudainement saisi par le bon sens.
Cette renégociation qui, à tout le moins, doit aboutir à une gestion dynamique de l ‘euro avec comme objectif principal la croissance et non plus l’inflation à l’instar de la FED ( et sinon à notre abandon de l’euro) peut être l’occasion de mettre sur la table la vision nouvelle d’une confédération européenne plus ramassée , politiquement plus unie donc plus forte des 6 membres fondateurs et de l’Espagne à laquelle ,dans un deuxième cercle, serait associé sur le plan économique le reste de l’UE comme cela a été exposé dans « le Manifeste pour le Renouveau ».
Cette Europe plus concentrée, plus dynamique grâce à une nouvelle politique monétaire, dotée peut être de moyens militaires significatifs communs sous commandement unique indépendant, adossée par ailleurs à la garantie nucléaire française, pourrait peser d’un autre poids dans les affaires du monde et notamment en Afrique.
L’Allemagne, en contrepartie de son dogme monétaire abandonné, bénéficierait d’une Europe consolidée et prospère, et gagnerait un poids plus important dans les affaires extérieures du continent.
Evidement pour parvenir à cette remise à plat, il faut une volonté implacable, l’abandon des vices du renoncement depuis si longtemps au pouvoir, bref le retour de la Nation dans les cœurs et les espoirs !
Ce retour que la nécessité impose, ne sera avéré que lorsque la société française aura compris que l’évolution des temps ces dernières années a signé la fin de l’utopie née en 1968.
Non, l’avenir n’est plus garanti, ni même lisible, sans l’effort constant, sans le mouvement !
Non, le laisser aller dans l’éducation, le laisser faire dans les mœurs, l’assistanat ne forment pas des femmes et des hommes capables d’affronter les épreuves du monde d’aujourd’ hui et de demain.
Non, l’internationalisme, la passivité, l’effacement dans un ensemble apatride ne garantissent ni la paix, ni la prospérité, ni la liberté, ni la survie, mais à coup sûr l’asservissement!
Non, quand s’affirment ostensiblement les nationalismes du Japon et de la Chine en mer de Chine, de l’Iran et d’Israël au Moyen Orient, mais aussi plus sournois celui des USA dans les affaires du monde, de l’Allemagne, de la Grande Bretagne et de la Russie en Europe, l’idée de Nation n’est pas démodée !
Français, votre meilleure assurance pour l’avenir et celui de vos enfants c’est votre Nation, la France qui est le lieu où vous partagez culture, Histoire, démocratie, protection, espoirs et projets.
Il vous faut prendre la mesure des temps nouveaux, accepter de changer ce qui doit l’être pour une France renouvelée toujours éprise de liberté, d'égalité et de fraternité.
Il vous revient d’intégrer avec respect mais sans faiblesse ceux que vous avez accueillis, de contribuer au rayonnement de votre pays pour le bien commun par votre travail et votre engagement, de porter une ambition collective qui donne un sens à vos efforts, d ‘assurer l’avenir des générations suivantes par une éducation exigeante qui ne peut accaparer, au détriment de la Défense, des ressources excessives ou mal employées , de veiller sur les fondements de votre société dont la famille est le premier maillon.
C’est à ce prix que vous travaillerez à tout le bonheur je vous souhaite en 2013 à vous et à vos enfants.
En 2013, la Nation, sinon rien !
Roger Franchino