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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 18:24

D’un côté, Mr Cameron, Premier ministre britannique, suivi par une majorité de ses concitoyens selon les sondages, vient de dire tout le mal qu’il pense d’une Europe ingérable, soumise à la technocratie bruxelloise, et aux fantasmes fédéralistes  sous lesquels se travestit l’Europe allemande.

 

Certes, la Grande Bretagne, ile fière et sure d’elle, alignée depuis longtemps sur les USA, n’a jamais conçu l’Europe depuis la fin de l’Empire que comme une opportunité économique ou un champ d’action  politique où  elle est principalement la voix et la main  de l’Amérique (d’où l’intérêt d’Obama à ce qu’elle reste dans l’UE). De Gaulle l’avait bien compris en la tenant à l’écart de l’Europe indépendante qu’il souhaitait, tandis que Pompidou l’a laissée entrer dans l’espoir de contrebalancer la puissance montante allemande en 1972.

 

Aujourd’hui le réalisme britannique, son passé de plus ancienne démocratie européenne,  qui avaient fait que la Grande Bretagne se soit tenue à l’écart de l’ euro, après qu’elle ait négocié un statut à part pour favoriser son économie et assurer la primauté de la City , l’incitent à se mettre à l’écart de la mise sous tutelle monétaire , budgétaire, réglementaire dans laquelle l’Europe continentale, et particulièrement la zone euro, est en train de se fourvoyer sous la pression de l’Allemagne avec l’appui des milieux d’affaires et des euro babas.

 

Ni Mr Cameron, ni ses concitoyens ne croient que des peuples, des cultures, des pays et des économies structurellement aussi différents  puissent enfanter, en fusionnant, autre chose qu’un être  monstrueux et oppressif qui ne  survivra pas à ses  difformités originelles.

 

Mais Mr Cameron et ses compatriotes n’ont jamais douté de la grandeur et du génie britannique, comme en atteste une résilience en tous domaines, historique,  économique, culturel, et  même sportif.

C’est cela qui fait que la Grande Bretagne sait servir d’abord son intérêt quand d’autres, à commencer par la France, savent si bien y renoncer !

 

De l’autre , Mme Merkel, interprète fidèle d’un  nationalisme  pragmatique, assidu et silencieux de l’Allemagne, poursuit la construction de l’Europe allemande en imposant, après sa monnaie, son contrôle sur les politiques économiques de ses partenaires via le pacte budgétaire, et bientôt de nouvelles initiatives pour une « meilleure gouvernance commune » qui signifie une mise au pas des pays qui s’aviseraient de diverger des orientations germaniques.

 

Bien entendu les règles de gouvernance commune s’appliqueraient surtout aux autres puisqu’il ne saurait être question de toucher aux intérêts allemands comme on l’a vu pour « l’union bancaire » à laquelle échappe une majorité des banques d’outre Rhin, ou dans le cas d’ EADS pour laquelle l’Etat allemand a bloqué la fusion avec BAE qui mettait en péril des sites nationaux  moins performants.

Les exemples de protectionnisme officiel sont multiples sans parler de celui sournois, naturel et culturel que connaissent tous ceux qui implantent leurs affaires. outre Rhin.

 

Quant à la solidarité européenne , préalable logique à une union, elle fait défaut en Allemagne chaque fois que ses intérêts  n’y trouvent pas immédiatement leur compte : qu’il s’agisse  de la dette grecque pour laquelle il a fallu le risque inacceptable pour l’Allemagne de voir exploser l’euro pour que Mme Merkel consente à tirer un chèque, qu’il s’agisse encore des interventions extérieures de  « l’ami de 50 ans » fort naïf et assez cocu ( la France) soutenu avec beaucoup de réticence dès lors qu’il ne demande pas la permission à Berlin.

 

Les Allemands, pas plus que les Britanniques,  ne croient à une Europe Nation, mais ils croient possible une Europe fédérale dirigée par leur pays, car ils ont l’assurance d’un peuple qui réussit  parce qu’il a un génie  propre  et croit  en son destin.

 

 

En dernier de classe, Mr Hollande, empêtré dans 40 ans de renoncement, bataille pour colmater les brèches béantes qui entrainent lentement le navire France vers le fond tandis que les passagers tentent de s’échapper dans un sauve qui peut individualiste général.

La dette contractée pour avoir une banque centrale à « l’allemande » puis soutenir une monnaie qui est un avatar du Deutschemark et  l’utopie fédérale européenne imposent l’austérité, tandis que l’impéritie d’un Etat et d’administrations hypertrophiés  conjuguée aux utopies de la facilité héritées de 1968 a épuisé la volonté et les ressources du pays.

 

Alors on tente par le pacte de compétitivité de redonner un peu d’air à nos entreprises quelques semaines après avoir accru leurs charges, et  on prétend réduire  enfin de 60 milliards € en 5 ans des  dépenses publiques exorbitantes tout en  recrutant immédiatement 60 0000 enseignants dont on n’a pas besoin.

Tandis que la planche à billet américaine tourne à plein régime et continue d’entrainer le  dollar vers le bas,  que la banque centrale du Japon fait décrocher le Yen pour relancer les exportations, l’euro grimpe sans sourciller pour atteindre un change de 1,35 $  qui pénalise les économies  les plus faibles de la zone euro,  sans que l’on entende Mr Hollande, Mr Moscovici, ou encore le gesticulateur Montebourg adresser une mise en garde à Draghi le sauveur ! Bravo !

On bricole  en revanche un accord  flexibilité – sécurité sur le travail qui ne résoudra rien sans croissance, et on persiste dans le contresens en évoquant un renforcement de l’union monétaire avec Mme Merkel !  Inouï tout de même cet aveuglement !

 

Enfin, quand il faudrait une Nation mobilisée sur l’essentiel, c’est-à-dire le redressement, on se disperse encore sur des prurits soixante-huitards comme le mariage gay.

 

Bref, l’aggiornamento sur les causes de l’épuisement du pays, condition du sursaut, n’est pas fait au gouvernement : on tergiverse, on recule, on rapièce, on s’évade dans l’illusion d’une expédition tardive au Mali,  dans des utopies sociales ou dans celles, amères, d’un projet européen qui s’est aliéné les peuples.

 

Ce qui est vrai du gouvernement l’est plus encore de l’opposition où l’UMP, en quête de calife, a perdu ses idées puisque la « gauche » fait les réformes qu’elle aurait voulu, et puisque le renoncement est tellement ancré dans ses gênes qu’elle estime inconcevable que la France  intervenienne seule en Afrique sans quémander consentement et soutien à une Europe  à cette occasion  encore totalement  inexistante. C’est dire à quel point l’héritage gaulliste dont elle feint de se réclamer par utilité a été enterré, et c’est dire, surtout, à quel triste état elle reconnait implicitement avoir conduit la France.

 

Peut être les sociologues devraient ils psychanalyser nos élites, notre conscience collective pour apprécier, lorsque nous nous comparons à la Grande Bretagne et à l'Allemagne, si notre renoncement patent ne prend pas  racine  dans la perte de confiance, la honte, le sentiment d'infériorité, nés du lointain désastre de 1940.

 

En tous cas le pays, matraqué par les plans sociaux, la fiscalité, désespéré par l’absence de perspective crédible de redressement et de dessein national fort, se délite.

 

Puissions-nous retrouver le ressort britannique et l’assurance allemande ! C’est encore possible, mais pas sans efforts,  mais pas avec les hommes du renoncement !  

Et puissions-nous nous inspirer un peu de Mr Cameron !

 

Roger Franchino

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  • Diplômé EM Lyon, MBA York, 30 ans de carrière internationale en Europe, Asie, Amériques, comme cadre dirigeant /directeur général  dans des multinationales ou des PMI .
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  • Diplômé EM Lyon, MBA York, 30 ans de carrière internationale en Europe, Asie, Amériques, comme cadre dirigeant /directeur général dans des multinationales ou des PMI . Président Club de pensée France Rebelle

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