Chaque jour apporte son lot de petites et grandes déconvenues pour notre pays, dans les domaines économique, social, politique, culturel.
Confusément les plus anciens sentent bien que depuis 30 ans notre pays a régressé relativement aux autres, tandis que l’optimisme des jeunes est entamé par d’incertaines perspectives incitant les plus aventureux à regarder vers d’autres patries d’adoption .
Après avoir eu la gauche la plus bête du monde, puis la pensée unique, nous avons aujourd’hui la droite la plus dogmatique depuis la Seconde Guerre mondiale.
De fait nos politiques de tous bords, prompts à promettre, gesticulent depuis 30 ans sans autre effet notable que décevoir les espoirs suscités .
Le résultat est un pays englué dans une croissance anémique , péniblement accrochée à 2% par an depuis les années 70 .
N’ayant pas profité de la chance historique de l’explosion de la population active du baby boom pour encourager la France à créer des richesses, nos gouvernements comptent aujourd’hui sur celle du papy boom pour résorber le chômage conséquence de la faible croissance, tout en prétextant du vieillissement pour rogner retraites et dépenses de santé .
Si nous en sommes là aujourd’hui, quelles que soient les péripéties mondiales, la cause en est, comme toujours lorsque la France souffre, le renoncement et le malthusianisme de ses élites cédant les pouvoirs qui commandent notre destin
Et tout en premier, le renoncement à servir d’abord les intérêts de la France et des Français dans une Europe caricaturale ,éloignée des rêves de ses instigateurs, qui n’est plus que l’ombre portée d’une pensée libérale née outre atlantique, dont les excès mènent au diktat des marchés financiers et aux « subprimes », aux délocalisations et à l’affaiblissement économique , à la soumission aux intérêts américains, à l’augmentation de la pauvreté dans notre « vieille Europe ».
Cette dérive qui multiplie désillusions et régressions porte les germes, n’en doutons pas,
d’ explosions futures, comme l’Europe en a déjà connues dans ses errements passés.
1) La politique monétaire européenne est un garrot dogmatique et imbécile…
La politique monétaire arrogante de la BCE est le contraire de tout ce qui se fait ailleurs pour assurer la croissance, maintenant des taux d’intérêts élevés quand nos principaux concurrents les baissent, encourageant des taux de change exorbitants de l’euro face au Dollar, au Yen et au Yuan.
Tandis que les USA, le Japon, la Chine maintiennent un change bas pour stimuler leurs exportations et leur croissance, nous pénalisons les nôtres.
Plus grave , alors que l’essentiel du commerce mondial se fait en dollars, cette politique mégalomaniaque de l’euro fort non seulement stimule les importations , mais encore pousse les entreprises qui ont des usines en Europe à délocaliser dans les pays à monnaie faible ….et à réduire l’emploi dans la zone euro.
Il suffit d’observer l’évolution en cours ou à venir de groupes pourtant très européens comme Safran ou Eads , pour prendre la mesure des effets pervers durables d’une politique monétaire absurde.
La BCE fabrique des chômeurs !
Au sein même de l’Union Européenne , les pays qui se sont octroyés le droit de conserver leur monnaie ,élément essentiel de leur souveraineté, sont aussi ceux qui ont connu la plus forte croissance ces dernières années : Royaume Uni, Suède, Danemark pour prendre les principaux.
Faut il rappeler, que l’économie britannique distancée par celle de la France, et quasiment à parité avec celle de l’Italie à la fin des années 70, a refait son retard et repris la tête ?
Et ne citons pas en contre exemple l’Espagne qui a principalement vécu de subventions européennes et du dynamisme de son industrie du bâtiment stimulée par les achats des non résidents et par la spéculation locale qui s’effondre aujourd’hui.
La réalité est que la zone euro est une extension inavouée de l’ex zone mark qui convient fort bien à l’Allemagne dont la supériorité industrielle, et plus encore le positionnement traditionnellement haut de gamme du « made in Germany » sur les marchés mondiaux s’accommode depuis toujours d’une monnaie forte et d’une hausse des taux de change.
La sottise des gouvernements français successifs a d’abord été de feindre de croire que l’industrie française pouvait se comparer en puissance et en réputation, puis lors de la réunification allemande, de vouloir arrimer le franc au mark au prix de taux d’intérêts élevés, et enfin d’adopter comme monnaie un « euro-mark » géré suivant le modèle dicté par la Bundesbank.
2) l’Europe libérale est une arnaque…
Les Français savent ils que les pays de la "vieille Europe"subventionnent les délocalisations de leurs propres usines vers les nouveaux entrants ?
213Milliards € de subventions d'ici à 2010 seront versés par la Vieille Europe aux nouveaux entrants d’Europe Centrale, ce qui leur permet de développer un dumping fiscal ( impôt sur les sociétés et revenus au taux unique de 19% en Slovaquie, 24% en rep Tchèque etc...contre 33% en France pour les sociétés) comme si leurs faibles coûts de main d’œuvre ne suffisaient pas à attirer nos usines. !!…
La Slovaquie a ainsi hérité de la toute dernière usine de Peugeot Citroen en Europe…
La Commission de Bruxelles, si prompte à intervenir sur nos déficits ou l’uniformisation de la longueur des lacets a t elle enjoint à ces pays de cesser leur dumping, et de respecter une préférence communautaire ? Aucunement.
De la même manière , qu’il s’agisse de marchés agricoles ou de négociations tarifaires on sent nos commissaires européens bien plus habiles à ouvrir nos marchés sans contrepartie qu’à défendre nos intérêts
En somme cette Europe ne semble avoir qu’un objectif final : grossir, grossir, jusqu’à éclater telle la grenouille de Mr de Lafontaine en une grande zone de libre échange, dans laquelle l’important est d’intégrer toujours plus de pays à bas coûts pour « mondialiser », c’est à dire satisfaire les investisseurs financiers.
Mr Trichet en tête ,ne cache pas que la monnaie étant le point de référence, toutes les autres variables doivent s'ajuster: coût du travail, flexibilité, protection sociale, budget, taux d'intérêt.
Ne nous y trompons pas , ce n’est pas un discours technique : c’est une politique .
L’idée de partage des fruits de la croissance, de protection sociale issue de la Seconde Guerre mondiale doit disparaître au profit du capitalisme financier qui n'est même pas celui des entrepreneurs.
Quant aux Etats Nations de l'Europe, ils doivent disparaître tout court.
Il est fâcheux d’observer que Mr Sarkozy s’inscrit chaque jour un peu plus dans cette logique . Mme Lagarde, zélote de la BCE, vient de précariser cyniquement les chômeurs de plus de 57 ans dont elle sait pertinemment qu’aucune entreprise française ne veut.
Pourtant, il n' y a pas pour l'essentiel de Français fainéants comme certains voudraient l'accréditer: il n' y a qu'une économie malade de ses gouvernants impuissants !
3) L’Europe politique n’a pas et ne peut avoir de consistance…
Il n’est point d’exemple dans l’Histoire d’une grande puissance qui se soit construite sans l’oppression de tous par un seul peuple, si elle reposait sur des populations , des langues et des cultures diverses.
Ainsi en fut il de l’empire d’Alexandre, de l’empire Romain, de celui des Francs, de l’empire Austro Hongrois , de l’empire Ottoman, de l’Urss, et des empires coloniaux .
L’Europe est une mosaïque de peuples , de langues, de cultures et d’Histoires : nous n’ avons réellement en commun , et ce n’est déjà pas peu, qu’ une certaine idée de la démocratie ( récente quand même pour beaucoup) et le christianisme ,tant que la Turquie restera en dehors.
Nul pays européen ne pouvant heureusement s’imposer aux autres, l’Europe en tant qu’Etat , et à plus forte raison en tant que Nation, n’a aucun avenir unifié possible .
Même le souvenir de nos derniers conflits qui pouvait être moteur d’une volonté d’union envisageable peut être à 6 pays , totalement utopique à 27 , s’estompe au fur et à mesure que disparaissent les générations de la guerre.
Les divergences sont la règle, la convergence l’exception.
Cela se vérifie sur la plupart des questions de politique internationale qu’il s’agisse du rapport aux superpuissances, des conflits en Irak, en Afrique ou en Asie.
Quant au militaire, le seul ciment véritable est l’Otan , et l’Otan ce n’est pas l’Europe, mais l’Amérique !
Que Mr Sarkozy se régale de sa future présidence éphémère de l’UE, et nous réintègre sournoisement dans l’Otan : n’en attendons rien d’autre que d’éventuels abandons supplémentaires.
4) Cette Europe n’est pas légitime ..
Elle n’est pas légitime car loin de favoriser notre développement , elle nous contraint et affaiblit notre économie, participe à la déstructuration de notre société, dilue notre culture, dépouille le peuple de son pouvoir souverain au profit d’institutions sans réel contrôle démocratique .
Le traité européen, forfaiture commise par le pouvoir politique en soustrayant son approbation au vote par référendum, est un nouvel exemple de la dérive de cette Europe qui ne suscite pas l’adhésion des peuples.
En l’état, la France peut être mise en minorité sur ses propres intérêts au gré d’alliances de circonstance de pays secondaires qu’elle contribue par ailleurs à subventionner.
En l’état, la France est telle une entreprise qui ne maîtriserait ni sa stratégie, ni ses prix, ni ses choix d investissements, ni ses procédures de fonctionnement, ni sa politique sociale.
Pour le principal , elle ne s’appartient plus : le pouvoir réel a déserté Paris pour Bruxelles et Francfort
Nos gouvernants, quelle que soit leur couleur politique, se sont enfermés eux mêmes dans des contraintes qui les dépassent en ne maîtrisant plus ni la monnaie ni le budget.
Leur promesses, leurs engagements, ne sont dès lors que pantalonnades….nous n’élisons plus désormais que de coûteuses marionnettes.
5) Le sursaut de la France passe par la réforme de l’Europe ou par notre liberté retrouvée…
Les choses étant ce qu’elles sont, il ne nous reste en réalité que le choix d obtenir de l’intérieur, avec l’appui éventuel de quelques autres, un changement radical mais peu probable de l’orientation de l’Europe, ou de reprendre enfin notre liberté sur le modèle britannique « d’Europe à la carte » .
Libérée des contraintes de « l’ euromark », de Maastricht, et d’un libéralisme doctrinaire , détachée de l’utopie d’une Europe Nation, la France peut choisir la voie d’une coopération non contraignante avec ses partenaires, se doter d’ une ambition conforme à son Histoire et à ses valeurs, redonner l’espoir aux Français pour mobiliser leurs ardeurs et renouer avec une croissance suffisante, condition indispensable du rétablissement durable des grands équilibres , dont celui de l'endettement.
A tous ceux que ces propos étonneront, je dirai qu’il n’est pas vain de risquer d' avoir raison trop tôt quand le pire est d’avoir tort trop tard.
Quant à ceux qui pourraient les approuver, je ne peux que les encourager à les partager avec leurs proches, leurs relations : ainsi, peut être, pourrons nous contribuer à susciter les remises en cause ,et à faire remettre en selle ce cher vieux pays.
A tous, je dirai que le temps presse pour nos enfants, pour ce que notre génération leur laissera , et pour ce que l'Histoire retiendra de nous...
Katsumoto