10 parachutistes français à peine arrivés, aussitot abattus en Afghanistan, 21 autres bléssés....La peine des familles et celle des Français commande évidemment la pudeur.
Mais les honneurs rendus, que pouvait dire notre Président à ceux qui ont perdu un fils, un frère, un père?
Car enfin, pourquoi ces jeunes gens ont ils été sacrifiés, et pourquoi d'autres le seront ils inévitablement dans les semaines et mois à venir?
Pour que les Afghanes aillent à l'école comme le prétendait une première fois Mr Sarkozy que je raillais ici dans " Grand Oral : Dommage Mr Sarkozy", et pour qu'elles ne portent plus la burka?
Mais sait on au moins ce qu'elles veulent, les Afghanes?
Et si nos paras doivent mourir pour l'école des petites afghanes, va t'on aussi les faire tuer pour les petites saoudiennes, yemenites, iraniennes etc...?
S'agit il encore de mettre fin au terrorisme et à Al Quaida? Dans ce cas , où est le tribunal international chargé de juger Oussama Ben Laden , d'exiger des monarchies du Golfe qui le protègent de le livrer ? Septembre 2001: 7 ans ont passé et Oussama Ben Laden , ennemi pulic N°1 de l'Amérique presque tombé dans l'oubli , court toujours... Quelque parfum de pétrole troublerait il le flair des "services spéciaux" à sa poursuite ?
On voit bien la légéreté de l'argumentation présidentielle .Plus léger et irrresponsable est encore notre engagement miltaire.
Qui peut en effet croire que dans ce pays de clans , de trafiquants de drogue et de seigneurs de la guerre, de longue culture musulmane et rebelle, de reliefs montagneux , de défilés sauvages et de sommets inaccessibles, truffé de pièges naturels, nous pouvons gagner contre une guérilla qui a mis à mal tous ses envahisseurs , depuis les armées coloniales britanniques jusqu'au corps expéditionnaire soviétique fort de plusieurs dizaines de milliers d'hommes?
Non, la réalité est que nous servons de supplétifs aux errements et aux difficultés d'une administration américaine aussi impériale et ignorante de l'Histoire des peuples et de la Géographie qu'elle est désormais incapable d'assumer ses phantasmes de shérif.
Cette guerre, pas plus que celle en Irak, ne peut être gagnée par les armes et par l'Occident : pis ,chacun de nos coups de mains victorieux attise l'hostilité des masses musulmanes, chacune de nos défaites affaiblit notre image et suscite de nouveaux fanatismes.
Que l'Administration finissante de Bush ,toute à ses croisades, reste aveugle et ne veuille entendre raison est fâcheux, mais que la France qui devrait pourtant bien connaitre les mondes musulmans, se soit engagée dans ce bourbier est contraire à ses intérêts , à sa vocation, et au delà de ses capacités.
Contraire à ses intérêts et vocation car nos soldats paient en réalité ,là bas, les premiers effets de l'alignement atlantique d'un président qui veut donner des gages à l'Amérique tandis qu'au delà du discours sur l'Union méditérranéenne, il laisse la Chine et les USA nous supplanter dans notre zone d'influence traditionnelle qu'est l'Afrique.
Au delà de nos capacités militaires, car avec 1,7% du PIB consacré à des armées aux matériels à bout de souffle, à une marine contrainte de se contenter d'un seul porte avion, nous n'avons plus les moyens de nous disperser.
Au même moment, dans le Caucase, la Géorgie s'est enflammée sur un coup de tête, probablement téléguidé, de Mr Saakachvili venu défier l'ours russe dans sa tanière en tentant soumettre une province majoritairement russophile.
Ce qui était prévisible est donc arrivé. Les Russes , qui ont conquis la Géorgie en 1801 et s'en sont retirés seulement avec la fin de l'URSS, ont riposté comme on pouvait s'y attendre en envahissant ce qu'ils considèrent comme une part de leur pré carré ( un certain Joseph Djougachvili plus connu sous le nom de "Staline"en est issu, ne l'oublions pas...)
L'Occident a unanimement protesté, grogné, gesticulé....et notre Président s'est précipité drapeau de l'UE sous le bras pour tenter de jouer les premiers rôles et éventuellement les bons offices.
Reçu poliment mais froidement par Mr Medvedev, il lui a probablement été signifié que si un cessez le feu était négociable, la place de la Géorgie ne l'était pas. Indépendante peut être, mais pro russe plutot que dans l'OTAN...tout comme l'Ukraine comme il apparaitra bientot , inévitablement.
On peut le regretter, mais quelle serait la réaction des USA si le Mexique ou le Canada signait un pacte militaire avec la Russie, et si cette dernière installait un bouclier anti missiles à Cuba et Saint Domingue ?
En réalité, une fois encore l'Amérique et ses "alliés", feignent d' ignorer l'Histoire et la Géographie au nom d'intérêts stratégiques mal compris, et d'une conception des droits de l'homme quelque peu accomodante s'agissant d'une Géorgie au pouvoir autoritaire, aux élections douteuses, et encore passablement mafieuse.
De surcroît l'Europe et notamment la France qui du temps de Mitterand se sont alignées sur une Allemagne qui fut la toute première en 1991 à créer un précédent en reconnaissant sans consulter ses pairs la déclaration unilatérale d'indépendance de ses anciens alliés de Slovénie et de Croatie , consacrant l'éclatement de la Yougoslavie avec ses sanglantes conséquences, pourraient adopter un profil plus bas.
La Russie nouvelle n'est plus l'URSS agonisante: c'est non seulement une des stars de la croissance mondiale, une nation millénaire, fière de son passé fût il souvent dramatique, mais aussi un grand pays humilié profondément durant les années qui ont suivi la chute de l'URSS et qui aspire naturellement à retrouver son rang.
En réagissant à la provocation géorgienne, elle vient de signifier en clair à un Occident amnésique et arrogant que le temps des humiliations s'achève : prenons en acte.L'Histoire nous enseigne que l'humiliation des grandes nations porte en germe bien des conflits.
Le monde se redessine et l'Amérique, quelle que soit la couleur de son nouveau Président, sera de moins en moins en mesure d'imposer sa loi : prenons en acte également.
La France en tout premier, si elle veut retrouver une légitime influence sur le cours des choses c'est à dire dans l'esprit des peuples, doit se projeter dans cette nouvelle donne, non pas en marchant à reculons pour rejoindre les supplétifs de l'OTAN, mais comme une nation indépendante oeuvrant pour la paix en luttant contre le sentiment grandissant d'assiégés des Russes préoccupés par l'extension de l OTAN à leurs portes , et en restant à l'écart du bouclier anti missiles américain qui nous garantit surtout l'assujetissement.
Loin de convoquer des sommets européens pour tenter de mettre la pression sur la Russie alors que l'UE n'en a ni le début des moyens ni même n'y a intérêt, le France serait mieux inspirée d'oeuvrer pour une Europe plus compacte, et plus indépendante , ce qui suppose qu'elle reste d'abord elle même.
Depuis un an nous n'avons jamais été aussi éloignés de cette volonté.
Tant dans cette affaire afghane que dans celle de la Géorgie, on voit bien que la politique extérieure de Mr Sarkozy n'est plus celle de la France, celle que le monde avait appris à écouter, mais celle d'un docile vassal atlantique que l'on croyait enterrée depuis la fin de la IVème Republique.
Katsumoto