26 avril 2008
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Nous avons donc eu le grand oral de rattrapage du Président de la République après sa déconfiture dans l'opinion.
Au plan de la forme, l 'homme s'est enfin rapproché de ce qu'impose sa fonction.
Sur le plan économique et social , le cap est maintenu, et si les choses ne vont pas comme espérées, Mr Sarkozy nous a expliqué que la faute en revient au "quadruple choc" subi par la France: envolée du prix du pétrole, crise des "subprimes", appréciation de l'euro, flambée des matières premières.
Nul ne peut nier ces chocs: chacun peut en revanche se poser la question de savoir si le Président en tire les bonnes conclusions quant à son action.
Faut il remarquer d'abord que nos quatre "chocs" ne sont pas totalement indépendants les uns des autres?
Le prix du pétrole a t 'il doublé depuis un an ( jusqu'à 119$ le baril cette semaine ) uniquement à cause de la forte croissance mondiale ? Evidemment non.
La baisse accélérée du dollar destinée à soutenir la croissance aux USA, est compensée en partie par les pays producteurs qui ne veulent pas être payés en monnaie de singe , tandis que les milliards de dollars en circulation pour financer 50 ans de déficits américains cherchent des emplois rémunérateurs en spéculant sur la hausse des matières premières en général .
La crise dite des "subprimes" résulte d'une défiance généralisée des institutions financières entre elles. Mais,pour sauver le système bancaire US , de nouvelles et répétées baisses des taux d'intérêts américains ont semblé s'imposer, entrainant immédiatement de nouveaux reculs du dollar...avec pour corollaire une accélération de la hausse des matières premières et les risques de famine que nous voyons .
Pendant ce temps la BCE " dont la mission principale consiste à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro, et par conséquent à préserver le pouvoir d'achat de l'euro", n'a pas baissé la garde, propulsant notre monnaie à 1,60$, et se moquant comme d'une guigne de la récession à venir et des délocalisations qu'elle encourage.
Bref tout ceci est lié , chacun le sait.
Mais si nous n'avons guère de prise sur ce qui est décidé à Washington, à tout le moins pourrions nous espérer en avoir plus sur ce qui l'est à Francfort.
Mr Sarkozy, lui même, reconnait que l'euro surévalué a créé un"choc" tout comme il en a généré un lorsque l'abandon du Franc s'est traduit par une perte de pouvoir d'achat que chacun a pu vérifier en faisant son marché.
Mais quelles conséquences en tire t il par rapport à la BCE et à l'Europe? Aucune, semble t il.
S'il est une réforme essentielle , qui commande la réussite du quinquennat et pourtant échappe à la frénésie présidentielle, c'est bien celle de l'orientation économique et monétaire de l'UE, alors qu' une chance historique de modifier le cours des choses s'offre avec la prochaine présidence française.
Au contraire, non content d'avoir fait passer en catimini le Traité Européen, Mr Sarkozy renforce notre allégeance au "système" en écartant le risque de consulter systématiquement les Français par référendum sur tout élargissement ( hors Turquie).
Tout ce qui sera dit ensuite, ne sera au fond que gestion comptable de nos dépenses , certes nécessaire mais insuffisante , dans le strict cadre de contraintes extérieures qui ont été accéptées.
Nous passons par pertes et profits une politique monétaire imbécile et ce sont les Français qui continueront d'en pâtir.
Dommage, Mr Sarkozy!
Bien sur l'Etat est hypertrophié, et on ne peut avoir une personne active sur 4 travaillant dans la fonction publique.
Certes, l'Education Nationale n'est pas un modèle d'efficacité, et ce n'est pas la place des lycéens de défendre le corporatisme de quelques uns.
Mais pour l'essentiel, le discours est hors sujet.
Non, les Français, actifs ou chômeurs, ne sont pas des fainéants!
Ce n'est pas la demande de travail qui manque, c'est l'offre des entreprises qui est insuffisante.
Il n' y a de possibilité d'heures supplémentaires que s'il y a des commandes exceptionnelles à satisfaire!
Si le pouvoir d'achat stagne c'est parce qu'il n'y a pas suffisamment de croissance , et parce que le partage de la valeur ajoutée n'a jamais été aussi défavorable aux salariés depuis le début des années 80 ( selon l'OFCE).
Quant aux 500 000 offres d'emploi qui seraient non satisfaites, il serait tout aussi intéréssant de savoir de quels jobs il s'agit...
Enfin, l'état économique du pays commande aussi sa politique sur la scène internationale, autre thème abordé par le Président.
Or nous voici plus engagés en Afghanistan au prétexte que les Talibans interdisent l'école aux petites filles ou lapident les femmes adultères....
Fort bien . Quand envoyons nous des troupes également en Iran, en Arabie Saoudite,dans les Emirats etc...?
Faisons l'économie du ridicule, du fourvoiement dans des aventures qui ne portent que déshonneur,et optimisons l'utilisation de nos ressources au moment ou les dépenses de l'Etat sont reéxaminées.
La France est engagée aujourd'hui sur de multiples terrains ( Liban, Kosovo, Afghanistan, Tchad..) alors que ses moyens militaires sont comptés.
Ne sommes nous pas également sur le point de renoncer au second porte avions pourtant indispensable pour nous projeter sur des théatres d'opérations lointains, ou lorsque le Charles de Gaulle est en révision?
Il est donc temps de fixer des priorités qui doivent naturellement être la protection de nos amitiés et de nos intérêts dans nos zones traditionnelles d'influence politique, économique, culturelle.
C'est à dire principalement en Afrique, dont beaucoup de pays en nous soutenant systématiquement à l'ONU donnent du poids à la France, et dont les ressources naturelles immenses sont de plus en plus ouvertement convoitées, voire accaparées par la Chine et les USA.
Cette voie est évidemment toute différente de celle qui nous ramènera dans l'Otan comme voulu par le Président, ou de la "mort de la France Afrique" souhaitée par un de ses ministres qui a perdu une belle occasion de se taire.
Au total , l'inspiration de ce grand oral semble être l'instauration d'un libéralisme à la Tony Blair, avec son alignement atlantiste, mais sans son pragmatisme européen.
Si tel est le cas, c'est une erreur au regard de notre culture, de notre Histoire, et des conditions de notre nécessaire renouveau.
Dommage, Mr Sarkozy!
Katsumoto
Au plan de la forme, l 'homme s'est enfin rapproché de ce qu'impose sa fonction.
Sur le plan économique et social , le cap est maintenu, et si les choses ne vont pas comme espérées, Mr Sarkozy nous a expliqué que la faute en revient au "quadruple choc" subi par la France: envolée du prix du pétrole, crise des "subprimes", appréciation de l'euro, flambée des matières premières.
Nul ne peut nier ces chocs: chacun peut en revanche se poser la question de savoir si le Président en tire les bonnes conclusions quant à son action.
Faut il remarquer d'abord que nos quatre "chocs" ne sont pas totalement indépendants les uns des autres?
Le prix du pétrole a t 'il doublé depuis un an ( jusqu'à 119$ le baril cette semaine ) uniquement à cause de la forte croissance mondiale ? Evidemment non.
La baisse accélérée du dollar destinée à soutenir la croissance aux USA, est compensée en partie par les pays producteurs qui ne veulent pas être payés en monnaie de singe , tandis que les milliards de dollars en circulation pour financer 50 ans de déficits américains cherchent des emplois rémunérateurs en spéculant sur la hausse des matières premières en général .
La crise dite des "subprimes" résulte d'une défiance généralisée des institutions financières entre elles. Mais,pour sauver le système bancaire US , de nouvelles et répétées baisses des taux d'intérêts américains ont semblé s'imposer, entrainant immédiatement de nouveaux reculs du dollar...avec pour corollaire une accélération de la hausse des matières premières et les risques de famine que nous voyons .
Pendant ce temps la BCE " dont la mission principale consiste à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro, et par conséquent à préserver le pouvoir d'achat de l'euro", n'a pas baissé la garde, propulsant notre monnaie à 1,60$, et se moquant comme d'une guigne de la récession à venir et des délocalisations qu'elle encourage.
Bref tout ceci est lié , chacun le sait.
Mais si nous n'avons guère de prise sur ce qui est décidé à Washington, à tout le moins pourrions nous espérer en avoir plus sur ce qui l'est à Francfort.
Mr Sarkozy, lui même, reconnait que l'euro surévalué a créé un"choc" tout comme il en a généré un lorsque l'abandon du Franc s'est traduit par une perte de pouvoir d'achat que chacun a pu vérifier en faisant son marché.
Mais quelles conséquences en tire t il par rapport à la BCE et à l'Europe? Aucune, semble t il.
S'il est une réforme essentielle , qui commande la réussite du quinquennat et pourtant échappe à la frénésie présidentielle, c'est bien celle de l'orientation économique et monétaire de l'UE, alors qu' une chance historique de modifier le cours des choses s'offre avec la prochaine présidence française.
Au contraire, non content d'avoir fait passer en catimini le Traité Européen, Mr Sarkozy renforce notre allégeance au "système" en écartant le risque de consulter systématiquement les Français par référendum sur tout élargissement ( hors Turquie).
Tout ce qui sera dit ensuite, ne sera au fond que gestion comptable de nos dépenses , certes nécessaire mais insuffisante , dans le strict cadre de contraintes extérieures qui ont été accéptées.
Nous passons par pertes et profits une politique monétaire imbécile et ce sont les Français qui continueront d'en pâtir.
Dommage, Mr Sarkozy!
Bien sur l'Etat est hypertrophié, et on ne peut avoir une personne active sur 4 travaillant dans la fonction publique.
Certes, l'Education Nationale n'est pas un modèle d'efficacité, et ce n'est pas la place des lycéens de défendre le corporatisme de quelques uns.
Mais pour l'essentiel, le discours est hors sujet.
Non, les Français, actifs ou chômeurs, ne sont pas des fainéants!
Ce n'est pas la demande de travail qui manque, c'est l'offre des entreprises qui est insuffisante.
Il n' y a de possibilité d'heures supplémentaires que s'il y a des commandes exceptionnelles à satisfaire!
Si le pouvoir d'achat stagne c'est parce qu'il n'y a pas suffisamment de croissance , et parce que le partage de la valeur ajoutée n'a jamais été aussi défavorable aux salariés depuis le début des années 80 ( selon l'OFCE).
Quant aux 500 000 offres d'emploi qui seraient non satisfaites, il serait tout aussi intéréssant de savoir de quels jobs il s'agit...
Enfin, l'état économique du pays commande aussi sa politique sur la scène internationale, autre thème abordé par le Président.
Or nous voici plus engagés en Afghanistan au prétexte que les Talibans interdisent l'école aux petites filles ou lapident les femmes adultères....
Fort bien . Quand envoyons nous des troupes également en Iran, en Arabie Saoudite,dans les Emirats etc...?
Faisons l'économie du ridicule, du fourvoiement dans des aventures qui ne portent que déshonneur,et optimisons l'utilisation de nos ressources au moment ou les dépenses de l'Etat sont reéxaminées.
La France est engagée aujourd'hui sur de multiples terrains ( Liban, Kosovo, Afghanistan, Tchad..) alors que ses moyens militaires sont comptés.
Ne sommes nous pas également sur le point de renoncer au second porte avions pourtant indispensable pour nous projeter sur des théatres d'opérations lointains, ou lorsque le Charles de Gaulle est en révision?
Il est donc temps de fixer des priorités qui doivent naturellement être la protection de nos amitiés et de nos intérêts dans nos zones traditionnelles d'influence politique, économique, culturelle.
C'est à dire principalement en Afrique, dont beaucoup de pays en nous soutenant systématiquement à l'ONU donnent du poids à la France, et dont les ressources naturelles immenses sont de plus en plus ouvertement convoitées, voire accaparées par la Chine et les USA.
Cette voie est évidemment toute différente de celle qui nous ramènera dans l'Otan comme voulu par le Président, ou de la "mort de la France Afrique" souhaitée par un de ses ministres qui a perdu une belle occasion de se taire.
Au total , l'inspiration de ce grand oral semble être l'instauration d'un libéralisme à la Tony Blair, avec son alignement atlantiste, mais sans son pragmatisme européen.
Si tel est le cas, c'est une erreur au regard de notre culture, de notre Histoire, et des conditions de notre nécessaire renouveau.
Dommage, Mr Sarkozy!
Katsumoto