Et de deux ! Après Papandréou , le « Cavaliere » a été congédié par les marchés financiers …
Personne , hormis les concernés, ne peut regretter ces « dirigeants » là , le « comediante » italien en particulier issu tout à la fois d’une série Dallas et d’un vaudeville DSK.
On peut s’interroger sur les déviations des sens civiques qui ont pu les amener l’un et l’autre au pouvoir, mais comme nous n’y échappons pas , la pudeur s’impose à nous Français.
En revanche, qui ne voit que ces saltimbanques grecs et italiens ont été remplacés par des serviteurs des marchés , sans aucune légitimité démocratique ?
Lucas Papademos ancien vice Président de la BCE d’un côté, Mario Monti de l'autre, ancien commissaire de la Commission Européenne chargé des Marchés puis de la Concurrence c’est-à-dire de la dérégulation et de l’ouverture de l’Union Européenne à tous les vents de la mondialisation naïve.
L’un est un apôtre du monétarisme allemand et de l’euro fort, l’autre un « caro professore » du libéralisme appris dans les livres de la Bocconi, les deux étant impliqués dans les tripatouillages de comptes publics de Goldman Sachs pour faire entrer leurs pays respectifs dans la zone euro.
Mais ils promettent d’assouplir les licenciements, de faire baisser le coût du travail, de réduire les Etats, et d’ouvrir plus encore les frontières tout en maintenant l’euro fort cher aux rentiers de la planète… Tout pour satisfaire Wall Street, la City ,Francfort et Shanghai !
Ils échoueront bien sûr, mais il faut attendre un peu encore , d’autres plans d’austérité, une grave récession diffusée en Europe et ailleurs, et au bout du chemin soit la reddition de la BCE et de l’Allemagne, soit l’éclatement de la zone euro.
En attendant « les marchés » lorgnent vers la France, en se disant que peut être Herr Trichet à la place de Sarkozy ou de ce bonhomme Hollande, ce serait du pain béni…alors les « spreads » avec les taux allemands s’envolent, Standard & Poors se « trompe », la Commission demande plus d’austérité à la France, les eurocrates de la finance appellent au fédéralisme, immédiatement repris par Frau Angela qui rêve d’un Président européen élu au suffrage universel un peu comme l’euro..c ‘est à dire assez germanique probablement. Du pain béni aussi pour Herr Trichet qui se prend sans doute à rêver d’un destin nouveau…
Tout serait parfait dans le monde des marchés si , comme en Grèce ou en Italie, il suffisait en France de froncer des sourcils en faisant mine de serrer les cordons de la bourse pour faire et défaire un gouvernement.
Ne leur en déplaise cependant ( et il leur en déplait beaucoup !) , le Président de la République Française ne peut être, depuis 1962 et son élection au suffrage universel, destitué par personne hormis le peuple. Le gouvernement lui-même repose sur une majorité que le scrutin majoritaire rend responsable devant les électeurs . L’absence de scrutin proportionnel réduit à peu de choses l’espace pour les magouilles et jeux partisans dont , évidemment nos politiciens et les eurocrates se régaleraient autant que ceux de nos voisins grecs ou italiens…s’ils en avaient la liberté !
De cela il résulte qu’Herr Trichet et ses éventuels commanditaires peuvent certes rêver…mais les Français restent eux , assez largement, à l’abri du cauchemar !
Ils le doivent aux institutions de la Vème République qui leur a remis le pouvoir plutôt qu’aux partis, mais ils seraient sages de rester vigilants.
Vigilants car il doivent se garder de cette gauche et de ce centre qui gardent au coeur, avec leur projet de VI ème République, la nostalgie des régimes parlementaires de la III ème et la IVème République dont les jeux politiciens nous ont conduit au désastre.
Vigilants car ils doivent se défier de cette droite giscardienne qui déteste l’idée de référendum et qui tentera à nouveau de brader notre souveraineté en recourant aux partis du renoncement réunis en Congrès comme elle le fit pour le traité de Lisbonne.
Tant que les Français veilleront sur le rempart de cette République et des droits que De Gaulle leur a donnés, les marchés devront s’en accommoder , et Herr Trichet restera à la retraite…
Cela ne signifie pas que la France ne doive pas s'engager dans l 'effort pour rétablir ses équilibres: encore convient il qu'elle le fasse avec la volonté de retrouver croissance , espoir, ambition.
Dire cela, c’est déjà choisir pour 2012 le candidat de la France et des Français…
Roger Franchino