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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 23:52

Nous voici au terme d’un x-ième sommet franco- allemand, élargi éventuellement  à Mr Monti  mais non à l’Italie car il serait sans doute très  exagéré, ayant  été « désigné » par la BCE et les  « marchés », de prétendre  qu’il est le représentant légitime de notre voisine transalpine.

Un sommet qui n’a, au fond , que confirmé ce que l’on sait déjà, à savoir que l’Allemagne ne reviendrait pas sur ce qu’elle s’est efforcée  d’ imposer depuis 30 ans et qui a abouti à l’euro tandis  que la France resterait servilement dans ce qu’elle accepte depuis que le parti du  renoncement est au pouvoir.

En conséquence Mme Merkel a répété que la BCE resterait la BCE, que les euro bonds étaient des billevesées, et bien entendu que l’euro resterait  ce qu’il est, qu’il faut comprendre comme l’euro mark.

Sur quoi  Mr Monti de son  strapontin s’est aligné  sur la position de Mme Merkel dans une sorte d’axe  de la vertu chagrine, tandis que Mr Sarkozy , l’œil rivé sur la présidentielle et sur l’électorat libéralo centriste qui le porte, a baissé pavillon conformément à une tradition bien établie désormais en promettant sans contrepartie une révision d’inspiration fédéraliste des traités européens.


Rien de nouveau en réalité !


Sauf  Mr Leparmentier , journaliste qui   titre dans le Monde du 24/11 sans doute sans le regretter,  « la crainte de  l’Europe allemande ressurgit  chez les dirigeants français »  et cite « un poids lourd du gouvernement français » qui aurait déclaré «  Les Allemands dominent tout. On attend leurs décisions sans avoir de prise sur les évènements »….Merci le Monde, tout arrive même au royaume de la pensée unique.…J’ai écrit ici  «  L’Europe allemande ou les erreurs de la France » …le 29 Janvier 2009 !

Nous en sommes  donc là après 30 années  de mensonges sur une Europe à l’eau de rose ,  tandis que  la prise de conscience tarde à  se faire  sur le constat que ce sont les nations qui font l’Histoire, pour celles qui croient en leur destin…et l’Allemagne  qui est un grand pays croit dans le sien au moins autant que l’Angleterre et les USA,….Et de toute évidence  beaucoup plus que la France !


Alors que prépare l’Allemagne ?


Elle a accepté en son temps l’euro dont elle n’avait pas besoin à condition que ce soit le deutschemark qui soit collé sur l’Europe.

Ce faisant son industrie , qui bénéficie de l’ image  centenaire du  « made in Germany » , d’un consensus social particulier,  et de structures puissantes  dans des spécialités porteuses, a éliminé  ses concurrents  de la zone en se mettant à l’abri des dévaluations de partenaires européens moins bien dotés,  tout en important à bas coût des pays émergents.

On connait la suite…explosion des excédents du commerce extérieur de l’Allemagne, et symétriquement des déficits de la France , croissance molle  acceptable pour une démographie allemande déclinante mais suicidaire pour la jeunesse française…etc.

L’Allemagne a discrètement retrouvé en Europe la place qu'elle considère naturelle dans son fors intérerieur.


La crise financière qui sévit depuis 2008 et enfle avec celle des dettes souveraines risque pourtant de mettre en péril ce bel ordonnancement et elle le sait…

A cet égard le débat  chez elle,  qui  transpire peu en France, porte non pas tant sur l’efficacité d’une BCE prêteur en dernier ressort pour sauver le Sud que sur l’intérêt  qui serait le sien de l’accepter.

L’Allemagne est en effet un pays pragmatique qui culturellement pense sécurité ( la fameuse «Sicherheit »  si présente dans les préoccupations individuelles)  et dispose d’ une  stratégie de long terme, à l’instar de celle qui anime ses entreprises familiales , le Mittelstand, qui font le dynamisme du pays.

Avisée aussi, elle sait que l’euromark  n’est plus supportable pour  le Sud !


Mais lâcher les rênes à la BCE, outre que ce n’est ni dans la tradition ni dans les traités, suffirait il à sauver la zone euro  tandis que, via la création monétaire, pourrait être relancée l’inflation tant  honnie? L’Allemagne est chaque jour un peu plus un pays de seniors et de rentiers, ne l’oublions pas ! Il  lui  faut donc des garanties sur la survie de l’euromark qui permet de voyager à bon compte et d'importer pas cher , sur l’inflation qui ne doit pas ronger  les rentes et sur la dette qui ne  saurait menacer  la veuve de Wiesebaden... Voilà ce que commande la « Sicherheit » !


Enfin le choix de l’euromark était une stratégie de puissance en Europe  et une divine surprise puisque la France de Mitterand l’avait acceptée. Les Allemands n’aiment pas changer de stratégie de long terme. Aussi la crise de la zone euro leur apparait comme l’opportunité de parachever leur conquête tranquille de la primauté en Europe en la  faisant traduire institutionnellement dans  des traités révisés. Le traité de Nice avait déjà mis fin à la parité franco-allemande au parlement européen , la prochaine révision établira la mise sous tutelle allemande de la zone euro . «  l’Europe parle allemand maintenant ! » s’est exclamé dernièrement un membre éminent de la CDU-CSU, parti de Mme Merkel !...Mr Fillon le tout premier..


Dès lors le plan allemand est limpide:


1)     Imposer une cure d’assainissement à tous les pays du Sud afin de rétablir leurs finances publiques ,  tenter de contenir la contagion à la dette  allemande et  par dessus tout sauver l'euromark.

2)     Institutionnaliser  la mise sous tutelle économique  allemande  de l’ensemble de la zone euro sous une parure fédéraliste, via une révision des traités qui  garantira à l’Allemagne  un marché  « domestique »  vaste et contrôlé, la survie de l’euromark, et naturellement la primauté politique qui en découle.

3)     En échange et si l'urgence l'exige, céder un peu sur la BCE  , mais  si possible après engagement des partenaires vassalisés sur  les points 1 et 2.


Qu’importe  à l’Allemagne, qui a connu la dureté de  l’intégration d’une RDA affublée d’un mark surévalué, si ses voisins doivent subir à leur tour  une purge sévère ? Ils ne représentent plus que 40% de son commerce extérieur  mais les parts de marché seront pour elle si son pari réussit.....ce qui  reste toutefois incertain car les évènements pourraient la  contraindre à choisir très vite, contre son gré, entre le dogme de la BCE  et la survie de l’euro.


Voilà pour l'instant néanmoins ce qui se prépare et voilà ce que notre pays s’apprête à accepter sur l’autel de rêves qui ne sont pas ceux de notre voisin d’outre Rhin et d’une amitié qui n’a de sens que dans le respect  mutuel et l’équilibre.

Voilà ce qu'il acceptera  au lieu d'imposer une dévaluation  indispensable de l'euro, le changement de statut de la BCE à l'image de celui de la FED ,  le détricotage du traité libéral de Lisbonne, la mise au pas des marchés via la prise de contrôle des banques et la "renationalisation"  partielle de la dette en faisant appel aux épargnes nationales.

L’Allemagne n’a imposé à l’Europe que ce que la France , par trahison de ses élites , a concédé : elle ne saurait  être tenue pour comptable de nos faiblesses.

Elle parle peu et avance avec constance , tandis que nous déclarons abondament et  nous contentons d'agitation brouillonne.

Alors que l’Allemagne s’affirme et que l’Angleterre se maintient , toutes deux  fermement en tant que nations, nous persistons de l’UMP au PS et au Vert parti de l'étranger, du Monde aux Echos, à nous évader dans des fantasmes supranationaux sans corps tels les amoureux de la belle Loreleï!

C’est cela qu’il faut cesser,  qui passe par une meilleure appréhension de notre voisin d’Outre Rhin  et par la ferme résolution de servir d'abord  les intérêts des Français qui ne coïncident pas toujours avec ceux des Allemands, car c’est de cela que dépendront demain  le retour de la prospérité en Europe et finalement la paix.

 

Roger Franchino

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  • Diplômé EM Lyon, MBA York, 30 ans de carrière internationale en Europe, Asie, Amériques, comme cadre dirigeant /directeur général  dans des multinationales ou des PMI .
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