Les élections qui se sont déroulées en Tunisie le week end dernier ont été libres , régulières et avec une participation élevée.
Les Tunisiens ont accordé leur confiance aux islamistes plus ou moins modérés qui n'obtiennent cependant pas la majorité.
La France doit donc, comme elle l'a fait, en prendre acte et ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de ce pays ami.
Pour autant, comme écrit ici de façon prémonitoire dans l'article de début Fevrier " Egypte, Tunisie, révolutions arabes: ni démocratie, ni paix sans soutien massif de l'Occident", les lendemains de prise de Bastille sont souvent ceux du désenchantement propices aux forces qui savent l'exploiter.
La Tunisie que le tourisme a déserté et affligée par le chômage de ses jeunes gens, ne pouvait échapper au phénomène dont je disais déjà qu'il profiterait probablement aux religieux.
C 'est bien pourquoi , je préconisais un appui économique massif de l'Occident , chaque chômeur en moins parmi les jeunes consolidant les chances d'une démocratie moderne.
Le G8 a décidé d'affecter en Mai 40 milliards $ à ces pays.... qu'en est il concrètement aujourd hui?
Manifestement , il ne s'est pas passé grand chose et la Tunisie reste enlisée....
La France doit, avec les autres bailleurs de fonds et sans prêter trop attention aux comptables des agences de notation, agir sans délai pour aider le gouvernement composite sorti des urnes, quel qu'il soit, à remettre à flot le pays.
Elle doit le faire en se gardant de toute ingérence, mais avec résolution car il y va du flanc Sud de l'Europe.
Du côté Lybien, les choses sont différentes économiquement car le pays est riche, et politiquement car il sort d'une guerre civile où les islamistes ont été extrêmement en pointe sur le terrain.
La France n'a pas su intervenir comme elle l'aurait dû, mais elle bénéficie d' une certaine reconnaissance.
Pour autant on voit bien que la charia pourrait inspirer la Lybie de demain, menaçant le projet démocratique.
A la France donc de soutenir les mouvements démocratiques qui en manifesteront le souhait , discrètement mais fermement, qu'il s'agisse de droits de l'homme, de formation de l'armée nouvelle, de droit constitutionnel , mais aussi de développement économique avec la reconstruction et des projets industriels associant ce pays à l'Europe du Sud et notamment à l'Italie qui y a tissé de longue date des liens étroits.
L'espoir des Lybiens doit se lever au Nord plutôt que du côté de l'Iran ou des Emirats Arabes.
Il est impératif que la France, patrie des Droits de l'Homme, joue sans naïveté son rôle dans cette région stratégique pour l'Europe et l'Afrique, dans le respect des Etats et des sentiments nationaux, mais au service de la démocratie.
Espérons qu'elle ne se laissera pas détourner totalement par les errements de la zone euro: il en va de la paix demain!
Roger Franchino