Hier donc les Français se sont massivement rendus aux urnes avec les résultats que l’on sait.
En clair, en dépit de la « rogne et de la grogne » ambiante, ils ont choisi une fois encore le risque d’être cocus et, sauf très improbable, ils le seront. Le parti du renoncement PS-UMP sera reconduit le 6 Mai sous une forme ou une autre, avec l’appui des forts en gueule du parti de gauche qui se sont couchés sur le champ et en attendant que les séminaristes du Modem fassent de même.
Finalement tout rentrera le 6 mai dans l’ordonnancement voulu du pouvoir depuis 30 ans, en dépit du score du FN et de la renaissance, timide pour l'heure, d'un courant gaulliste incarné par Dupont Aignan.
Entre temps, les deux nominés du premier tour joueront au bon et au méchant , les Français se régaleront du spectacle et du choix qu’il n’ont plus en vérité, puis le 7 Mai les réalités balaieront d’un vent glacial leurs illusions.
Les réalités, ce sont le retour de la crise de la zone euro précipitée par les programmes d’austérité qui enflent partout, de l’Espagne à la Grèce, de l’Italie à la Hollande, par la hausse du pétrole, par la rigidité de la monnaie, par la sottise de la BCE, et par l’arrogance des banques qui vont pomper 2000 milliards € hors de l’économie pour respecter les normes de Bâle III.
La réalité c’est qu’aucun des deux « nominés » ne tiendra ses promesses de changement en Europe, tout simplement parce que l’Allemagne n’en veut pas et que ses intérêts divergent des nôtres.
En faut-il une preuve supplémentaire ?
A la plus grande foire industrielle du monde qui se tient en ce moment à Hanovre, l’inauguration a été faite conjointement par le Premier Ministre chinois Wen Jiabao et Mme Merkel .A cette foire où, il y a à peine 10 ans, les grands industriels allemands, experts en protectionnisme discret, obtenaient que les entreprises chinoises soient reléguées dans des stands à l’écart, ce sont maintenant 475 sociétés de l’Empire du Milieu qui seront représentées en bonne place…contre 120 françaises.
En même temps, 2012 devrait voir la Chine remplacer la France comme premier partenaire commercial de l’Allemagne.
Comment Sarkollande peuvent prétendre, dans ces conditions, imposer des droits de douanes aux frontières de l’UE alors que l’Allemagne a fait de la Chine son premier partenaire commercial ?
Comment Sarkollande peuvent prétendre imposer à l’Allemagne que la BCE ne soit plus seulement la Bundesbank et l’euro un clone du Deutschemark, alors que son industrie tire avantage de l’une et de l’autre au détriment de ses concurrents européens ?
Comment avec une industrie en pleine déconfiture qui ne pèse plus que 14% du PIB contre 24% en Allemagne, peut-on encore prétendre tenir son rang en Europe , rétablir la croissance et l’équilibre du commerce extérieur indispensables au remboursement de la dette ?
Les réalités enverront une fois encore promesses, incantations électoralistes et illusions à la poubelle !
Alors ceux qui ont pensé voter « utile » au premier tour oublieront bientôt Marseillaise et Internationale triomphantes pour reprendre à demi voix cet air de Brassens, tout en se mordant les doigts…
« Ceux- là même qui, naguère,
Nous couvaient d'un œil décidé,
Fuirent, prouvant qu'ils n'avaient guère
De la suite dans les idées ….
Gare au gorille ! »
Roger Franchino