Le COR, commission "d'experts" chargés d'analyser l'avenir du système des retraites par répartition vient de rendre un rapport volontairement alarmant, sans que l'on puisse dire irréaliste, sur les déficits attendus "toutes choses égales par ailleurs": 100 milliards € de déficit vers 2050!
Conclusion: il faut réformer, ce qui dans le langage gouvernemental signifie généralement regrésser...
Evidemment ,chacun comprend que 100 milliards € , c'est une somme ....les retraités s'attendront donc à voir réduites leur pensions, les actifs en milieu de carrière se résigneront à travailler aussi longtemps que le patronat voudra bien leur octroyer un job, et les jeunes n 'oseront plus y songer puisqu' avant de pouvoir sortir de la vie active il conviendrait déjà de pouvoir y entrer.
Mais s'agit il d'une fatalité à laquelle nous n'aurions pu nous soustraire?
Et si ce n'est le cas, nous reste t il au moins quelques degrés de liberté pour corriger partiellement ces tristes perspectives?
Sur le premier point, nul doute qu'il n'était pas fatal de ramener de 65 ans à 60 ans la retraite au debut des années 80: les previsions démographiques n 'était pas sensiblement différentes d'aujourd hui, et chacun était informé de l'arrivée prochaine du papy boom.
En réalité, François Mitterand et l'ensemble de la gauche, ont choisit ce thème dès les années 70 parce qu'il y ont vu un slogan fantastique pour conquérir les votes dans le cadre du Programme Commun de rasage gratis qui servit de bible à la coalition socialo communiste.
Et cela a marché!
C'est bien pourquoi le PS ,qui est plus un lieu de rêverie que d'imagination, se contorsionne ces temps derniers pour expliquer qu'il faut faire quelque chose et qu 'il le fera certainement si d'aventure il arrive au pouvoir, tout en chantant que 60 ans ce n'est pas si grave, mais que quand même... et bla bla bla..
Bla bla bla, permet d'éviter de remarquer que 1% de croissance supplémentaire du PIB français cela représente environ 20 millards € par an ,et que la croissance anémique maintenue depuis le début des années 80 pour cause de construction de l' Europe monétaire représente au total un manque à gagner pour la richesse nationale d'environ 500 milliards € !
Par charité , n'allons pas jusqu'à compter ce que cette richesse là aurait mesuré en termes d'emplois et donc en termes de cotisants supplémentaires aux régimes de retraite !
Mais observons tout de même que le COR aurait probablement tiré des conclusions sensiblement différentes si nous ne nous étions pas fourvoyés dans notre coûteuse Europe monétaire et ouverte.
Evidemment nos chers socialistes partagent cette responsabilité là avec leurs partenaires de l'UDF, du RPR et de l'UMP.... alors soyons justes , les coquins sont de tous bords!
Justement puisque nous parlons de coquins, il faudrait mentionner le patronat qui avec la complicité des pouvoirs publics toutes couleurs confondues et aussi des syndicats a fait feu de tous bois en matière de préretraites poussant à la sortie, sauf bien sur au sommet des entreprises, les salariés les plus "vieux" c 'est à dire ayant passé les 50 ans.
Bien évidemment , c'était, disait on, pour maintenir l'emploi des plus jeunes qui présentaient l'avantage en réalité de coûter moins que leurs ainés, voire de permettre de remplacer des CDI par des CDD.
On sait ce qu'il est advenu des promesses: le chômage n'a cessé de progresser en même temps que la précarité, et la collectivité a pris en charge une part notable des préretraites accroissant les déficits.
Alors que peut on faire aujourd hui?
Evidemment plus le temps passe , plus le manque de croissance cumulé d'année en année se fait et se fera sentir sur le niveau de vie des Français, et la question des retraites n 'en est qu'une des illustrations.
Une fois encore nous dirons ici qu'il n est point de salut en ce domaine comme en d'autres sans une remise en cause profonde d'une Europe libérale ouverte sans restrictions aux pays à bas coûts et dotée d'une monnaie trop forte.
Poursuivre dans cette voie c'est à terme la mort programmée des retraites par répartition et de la solidarité entre générations au profit d'un système par capitalisation que le Medef rêve d' imposer sous la pression des assureurs et des banquiers.
Une fois admis qu'il n'est pas possible de répartir des richesses qui ne sont pas créées, alors il convient d'en tirer les conséquences et d'abord au niveau de l'Europe.
Ceci n'exonère pas, au point ou en sont les choses ,de rationnaliser notre système car la durée de vie s'est allongée, mais cela doit se faire avec bon sens et justice.
Revenir à 65 ans comme âge légal de la retraite n'est acceptable que sous la condition expresse que les seniors ne soient plus exclus du monde du travail , ce qui suppose une révolution culturelle dans les entreprises et dans la société française.
Dès lors, il va de soi que ce changement ne peut s'inscrire que sur longue période et doit faire l'objet d'un contrat clair avec les entreprises: l'âge de la retraite reculera parallèlement et dans la même proportion que l'emploi des seniors progressera.
Du côté secteur public, il n ' y a pas lieu évidemment, dans un souci d'équité et alors que l'emploi à vie est garanti, de maintenir un système distinct de celui du privé: même date de départ, même nombre d'années de cotisation, même mode de calcul des pensions.
Changer d 'Europe pour retrouver l'indispensable croissance , remettre en cause l apartheid des seniors face à l'emploi, aligner le public sur le privé, voilà les pistes à suivre!
Sot qui compterait sur les coquins et copains qui nous ont conduit là où nous sommes pour les emprunter!
Katsumoto