De cafouillages en reculades , il est clair que la France s’est donnée le gouvernement le plus improbable depuis les débuts de la Vème République et qu’elle s’est affublée du plus incertain et dilettante des ministres de l’Economie , des Finances et du Commerce Extérieur .
Nul ne saurait, certes, sous-estimer le poids de la charge qui consiste à gérer au mieux la bourse d’un pays en faillite et l’impopularité qui , naturellement, en découle, mais tout de même …. le film qui se déroule sous nos yeux depuis 18 mois est consternant.
En tout premier en effet, Mr Moscovici a été à l’origine d’une inimaginable série de bourdes économiques traduisant une ignorance préoccupante des ressorts de l’économie marchande, une hystérie fiscale dictée par l’idéologie, et une arrogante improvisation.
Ce fut, fin 2012, le projet de surtaxer les plus-values des créateurs d’entreprises qui conduisait à geler le renouvellement de notre tissu économique , puis début 2013 celui de rogner les ailes des auto entrepreneurs dans un pays rongé par les licenciements, suivi en septembre de celui, plus farfelu encore, de taxer l’Excédent Brut d’Exploitation des entreprises c’est-à-dire les investissements générateurs d’emplois, puis semaine dernière de mettre en cause la parole de l ‘Etat en doublant rétroactivement la CSG sur le PEA, et l’ assurance vie qui servent à financer la croissance des entreprises ou la dette de l’Etat.
Comment expliquer que dans tous ces cas , le Ministre ait dû revenir aussitôt sur des décisions dont il était évident qu’elles étaient dès le départ mauvaises, carrément stupides, ou susceptibles de censure constitutionnelle ?
Comment est- il possible qu’il ne se soit jamais aperçu avant, par bon sens ou consultation, qu’il commettait de graves erreurs, voire des fautes ?
Comment, dans le même temps , Mr Moscovici, en charge du Commerce Exterieur, peut-il déclarer aujourd’hui même que « l’euro n’est pas surévalué », à contrario de son Ministre de l’Industrie, et ce en dépit des avertissements sur leurs résultats du troisième trimestre de nombre de nos grandes entreprises internationales qui, toutes, mettent en cause l’impact négatif du change de l’euro par rapport au $ , au Yen, au Yuhan ?
Ainsi en va-t-il de Schneider Electric, l’Air liquide, Michelin, Gemalto, Essilor ( en attendant d’autres à venir), tous leaders mondiaux, pour lesquels l’impact négatif de l’évolution de l’euro dans leurs comptes a été de -3% à-7%% suivant les cas.
Mr le Ministre s’intéresse-t-il à ces chiffres bien concrets au lieu de scruter d’hypothétiques indices d’économistes en chambre, de courir de conférence en conférence en France ou ailleurs devant des parterres d’étudiants pour ergoter savamment sur des prévisions de croissance à + ou – 0,1% près ?
Nous touchons là sans doute à la première et lourde faiblesse de Mr Moscovici dans sa charge: par formation , comme par carrière d’enseignant, et de fonctionnaire dans les instances européennes, il ignore totalement la réalité des affaires qu’il n’a sans doute jamais appréhendée autrement qu’ à partir de doctes lectures.
Il n’est certes pas le premier dans ce cas à Bercy, mais assurément le plus hermétique et le plus maladroit !
Mr le Ministre taxe et re-taxe reduisant la demande intérieure tout en acceptant une monnaie trop forte qui pèse sur notre capacité à répondre à la demande extérieure.Dès lors, il n 'est pas près de remettre le pays sur le chemin de la croissance et de créer des emplois qui ne soient pas subventionnés ou artificiels. La courbe du chômage chère au Président ne s'inversera pas de sitôt!
Vient ensuite la difficulté à manager ses équipes qui semble être aussi une lacune partagée par l’ensemble du gouvernement :.
- Bercy ne manque pas de cerveaux bien faits. Comment se fait-il qu’au travers des mesures prises ne paraissent s’exprimer que les autres ?
- Comment se satisfaire aussi de la façon dont est née et a été gérée l’affaire Cahuzac dans son propre ministère ?
Vient enfin, ce qui probablement commande tout ce qui précède et qui relève d’une sorte de biais idéologique exprimé dans chaque décision :
- Le passé trotskyste ressort avec la logomachie égalitariste, la sanctuarisation des dépenses publiques avec 15 milliards d’euros faussement économisés en 2014 puisque ce ne sera qu’une moindre croissance des dépenses, le sacrifice quasi complet des armées si cher aux gauchistes partiellement bloqué in extremis par le Président.
- Le passé européen comme Vice-Président du Parlement européen, puis comme Ministre de Affaires européennes qui l’a amené à négocier dans les lamentables conditions que l’on sait le traité de Nice puis le Traité Constitutionnel rejeté par les Français, se traduit par la soumission aux demandes budgétaires de Bruxelles et aux intérêts allemands sur le plan monétaire.
Bref, en alliant si intimement méconnaissance des réalités micro économiques, management déficient, matraquage fiscal pour cause idéologique, Mr Moscovici n’a pas peu contribué à la poursuite de l’embourbement de la France et à l’effondrement de la popularité de son Président.
C’est pour cette raison et parce que ce dernier ne pourra pas faire longtemps abstraction d’un climat social détestable conduisant à des élections municipales et européennes désastreuses, que Pierre Moscovici sera bientôt remercié.
« Errare humanum est, sed perseverare satanicum ! ». Et sur ce plan il s'est ditingué avec brio!
Roger Franchino