"Barbares" tel est le juste mot employé par le Président à l'égard des lâches assassins de nos deux jeunes gens au Niger.
Qu' ajouter, si ce n'est penser à ces jeunes destins brutalement tranchés, à la détresse de ces deux familles , à la peine de leurs amis, de leurs collègues devant l'irréparable... les mots ont si peu de sens tant ils sont vains devant la peine pour eux tous sans fond.
Recueillement donc, silence , respect pour les disparus, compassion pour ceux qui doivent vivre l'immense épreuve.
Et puis aussi , car c 'est indispensable, réflexion.
Non sur l'intervention armée qui s est sans aucun doute révélée nécessaire, ni même sur les raisons de son échec.
Réflexion en revanche sur les motivations et les auteurs de l'assassinat.
Les motivations? incontestablement , le souhait d 'affaiblir l'influence de la France en Afrique noire, et notamment dans les états du Sahel, maillon faible de l'ensemble.
Les auteurs? comme dans tout crime, aucune piste ne devrait être écartée puisque il convient d’ envisager tous ceux qui ont intérêt à cet affaiblissement.
Al Qaida? peut être, en représaille à notre présence en Afghanistan et parce que nous représentons en Afrique l'Occident honni par les islamistes.
Mais aussi quiconque a des vues sur l'Afrique, continent en devenir et riche en ressources naturelles. Le Niger justement est un des premiers pourvoyeurs d'uranium dans le monde.
Il existe , nous le savons, plusieurs puissances avides d'accéder librement à ces ressources, et d'y assoir leur influence... toutes dotées de services secrets capables de téléguider des opérations de destabilisation via des bandes locales manipulées, pseudo islamistes.
Ce devrait être à nos services de renseignement, s'ils en ont encore la capacité, d'éclairer le pouvoir sur les commanditaires, et de contrer leurs actions avec les complicités locales sur lesquelles notre présence ancienne devrait pouvoir compter. Cela n ' a pas été le cas apparemment.
Une fois de plus inquiétons nous de notre perte d'influence dans cette Afrique où 100 ans d'Histoire parfois difficile certes, mais couronnés par une décolonisation pacifique, ont tissé des liens forts .
Regrettons aussi le désengagement depuis Mitterand, et les propos caricaturaux de certains ministres naifs sur la France Afrique.
N’oublions pas qu’une part de notre influence dans le monde , notamment à l’Onu, nous était donnée jusqu’à récemment par le soutien quasi automatique des positions de la France par une douzaine de pays africains francophones.
N’oublions pas que cette Afrique là défend encore la place du Français dans le monde.
N’oublions pas que nous pouvons encore nous appuyer, bien que leur nombre régresse du fait de nos renoncements, sur un réseau d’élites formées dans nos écoles, avec nos valeurs.
Enfin , sortons de nos schémas dépassés d’une Afrique désespérément sans avenir : ce continent a vu sa croissance s’accélérer durant la dernière décennie et sera un de ceux qui se développeront le plus rapidement dans les 30 prochaines années.
Or parce que ce continent est à nos portes et parce que nous avons en partage une longue Histoire commune avec une langue, des affinités et des intérêts , nous ne pouvons brader notre héritage et laisser le champ libre ni aux islamistes, ni à quelque autre puissance que ce soit.
C’est donc toute notre stratégie politique, et notamment militaire que nous devons revoir.
Au plan politique, au-delà du projet « méditerranéen » du Président de la République qui a fait un flop parce qu’il n’était que pure vue de l’esprit sans fondement historique ou culturel, il nous faut concentrer plus de ressources en formation, assistance économique, investissement sur cette Afrique en essor.
Au plan militaire nous devons renforcer notre collaboration mais aussi notre présence en hommes et matériels, sans toutefois nous ingérer dans les affaires intérieures car, vues de France, nous ne comprenons pas toujours les oppositions tribales.
Pour autant, et c’est le cas en Côte d’ Ivoire, après les amicaux conseils prodigués au Président déchu par le vote , nous devons avoir le courage d’intervenir pour faire respecter la démocratie puisque c’est l’une de principales valeurs que nous portons en Afrique aux yeux des populations et qui est un rempart contre la diffusion des idéologies islamistes ou les ambitions de pays totalitaires, dont la Chine en premier.
C’est ainsi également qu 'en assurant notre crédibilité et notre résolution, nous serons écoutés.
Evidemment , la France disposant de moyens limités à l’échelle du monde, il lui faut accepter de se concentrer sur l’essentiel.
A côté de la dissuasion qui ne saurait être sous traitée à l’Otan, et à côté de l’Europe qui est notre environnement immédiat, nous devons nous redéployer logiquement sur l’Afrique où nous avons encore les moyens de peser véritablement.
C’est dire que nous devons nous retirer, faute de sens, de l’inutile aventure afghane comme de toutes les côuteuses opérations lointaines dans lesquelles nous ne sommes que les supplétifs de causes plus ou moins fumeuses.
Etre gaulliste c’est vouloir que la France reste la France et conserve un rang dans le monde, mais en s’appuyant sur les réalités.
L’Afrique est un des enjeux politiques, stratégiques, économiques principaux pour la France demain comme hier.
C'est à ces avant postes que nous arrêterons ou non les barbares!
Katsumoto