L'OIT, Office International du Travail pourtant d'inspiration très libérale,vient de montrer du doigt la responsabilité de la politique "déflationnsite" de l' Allemagne dans la crise actuelle de la zone euro en déclarant:
"La réduction des coûts du travail par rapport à ceux de ses voisins au cours des dix dernières années a mis sous pression la croissance de ces derniers avec des conséquences négatives sur la soutenabilité de leurs finances publiques " et "Plus grave encore, les pays en crise n 'ont pas pu utiliser le moteur des exportations pour compenser la faiblesse de leur demande domestique puisque leur industrie ne pouvait profiter d'une demande intérieure allemande plus forte "... Ainsi par exemple la consommation allemande a cru de 1% en moins chaque année que celle de ses voisins!
En réalité l'Allemagne a maintenu des salaires nationaux élevés dans l'industrie manufacturière exportatrice , là où le "made in Germany" dans ses secteurs d'excellence s'impose sans difficulté grâce à son image et à la sous traitance à bas coûts en Europe Centrale , tandis qu'elle a écrasé sa consommation interne avec les petits boulots sous payés qui peuplent surtout les services.
D'un côté elle s 'est servie des marchés de ses voisins pour ses exportateurs, de l'autre elle a contenu ses importations en déprimant sa demande interne.
Elle a donc mené une politique "non coopérative" au service de ses seuls intérêts en Europe, s'appuyant en cela sur la BCE qu'elle inspire et qui a soutenu à la fois une politique restrictive et un euro fort l'une et l'autre contribuant plus encore à étouffer le dynamisme industriel de ses voisins!
Ce que nos économistes de la pensée unique attribuent à des vues de souverainistes dépassés en France est donc mis en exergue par une institution de l'ONU peu suspecte en ce domaine !
En réalité, il faut redire une fois encore ici qu'il ne saurait être question de faire grief à l'Allemagne de jouer ses intérêts, mais bien de soutenir une fois encore que la seule responsabilité en revient aux dirigeants, tous horizons confondus, de la France qui ont accepté depuis si longtemps de soumettre les nôtres à ceux de notre voisine au nom d'une monnaie collée de force sur des réalités économiques et culturelles excessivement différentes.
La conséquence logique à cela est évidemment qu'il ne peut y avoir d'issue à la crise vécue par la France et bien d'autres sans remise en cause de cette allégeance, de l'euro tel qu'il est, et de l'Europe qui apparait de plus en plus comme une sorte de protectorat économique au service d'un seul.
Nous sommes donc loin d'un fédéralisme qui ne serait que la reconnaissance politique de ce protectorat que tente d'établir Mme Merkel avec un controle de fait de des budgets de ses voisins.
La conséquence pour les électeurs Français est qu'il seraient bien avisés d'interpeller les candidats à la Présidentielle sur ce sujet qui commande tous les autres, de se défier de celui du PS qui puise son inspiration chez Mitterand qui voulut Maastricht et rêve d'Europe fédérale avec ses écolos, de ceux du Centres qui furent de toutes les concessions à l'Europe allemande, ou du sortant qui vient d'abandonner la souveraineté sur notre budget dans l'espoir de sauver un euro qui étouffe et n'a de cesse de nous aligner sur Berlin avec "règle d'or" ou fiscalité.
Il reste des nationaux...
Il y a l'autre Nicolas...
Roger Franchino