Près de trois heures de débat entre les deux nominés du second tour….et qu’en retenir ?
Passons sur la forme, l’un jouant le « Retour de Tonton », tout aussi fâché avec les chiffres, excellent dans l’incantation et l’ambiguïté que son désastreux modèle, pathétique dans l’indignation bon chic bon genre pour les pauvres gens, amnésique tout autant que son challenger sur 30 années de glissade, nous assommant d’une narcissique profession de foi de « moi, président.. » après avoir montré quelques griffes fourbies par la longue attente d’un destin..
Passons sur la forme, l’autre rejouant « Le Bon Choix pour la France » de son malencontreux modèle Giscard, tout aussi bardé de chiffres incertains, excellent dans sa compétence auto décernée et le sophisme , véhément dans l’indignation de façade pour notre France menacée, amnésique tout autant que le prétendant sur 30 années de cafouillage, nous amusant de mensonges prêtés en connaisseur, après avoir beaucoup agité de lacets de foire sans parvenir à serrer le lièvre…
Mais sur le fond, qu’avons-nous vu ?
Sur l’Europe en détresse, la crise de l’euro et la dette qui commandent tout puisque qu’ils lui ont transféré notre souveraineté, les deux ont ferraillé sans rien avoir à dire puisque la croissance voulue par Hollande dépend de l’Allemagne qu’il ne pourra convaincre de renoncer à sa domination sans une épreuve de force qu’il refuse par avance, tandis que Sarkozy, qui a le caractère mais pas la volonté, lui a tout cédé de traité en traité et semble se satisfaire de sa « règle d’or ».
L’Europe n’étant donc pas appelée à changer , la France n’aura que la marge de manœuvre consentie par Bruxelles , la BCE, et les marchés financiers .
Que proposent alors en France les deux finalistes ?
Hollande, nous ressert les vieilles lunes de la gauche, faites de dépenses publiques et de taxation supplémentaires.
Que l’administration de la France coûte chaque année 100 milliards € de plus que celle de l’Allemagne ou l’Italie ne le choque pas ! Non, il faut toujours plus de fonctionnaires puisqu’aussi bien ce sont ses électeurs, et notamment des enseignants ou se recrutent militants et élus.
Il y a 1 million d’enseignants pour 12 millions d’élèves, qui donnent 18H de cours par semaine, et puisqu’il en manquerait dans le primaire, on en recrutera 60000 de plus…on n’envisage pas bien sûr d’en muter du secondaire au primaire…la productivité ? quelle horreur !
L’Education nationale peine à enseigner la lecture et le calcul …ce n’est pas parce que les méthodes d’enseignement post 68 ont été désastreuses, ce n’est pas parce que l’autorité des enseignants a été battue en brèche par des lois laxistes, c ‘est à cause des effectifs insuffisants geint-il avec les siens !
De plus on reviendra pour certains à la retraite à 60 ans, et bien sur les électeurs fonctionnaires continueront de partir bien avant tous les chers travailleurs du privé qui paieront donc pour ceux ci !...Cela s’appelle rassembler !
Venons à l’emploi…
Le miracle serait dans le contrat de génération….on exonérera de charge sociale les entreprises qui garderont un senior et embaucheront un jeune… c’est beau et sent l’eau de rose !
Sauf qu’en entreprise le jeune qui n’a jamais travaillé et le senior qui est en fin de carrière ne sont pas sur les mêmes postes en général… sauf que l’entreprise, cela ne marche pas comme ça !
Hollande , c’est toujours la même vision malthusienne du travail : on répartit la pénurie, on bricole des usines à gaz pour créer des emplois subventionnés, et ça coûte !
Sarkozy a compris qu’il fallait réduire les dépenses et ce qu’il a fait sur le plan de la fonction publique est à mettre à son actif, même si c’est imparfait.
Là où le bât blesse c’est quand il compte redresser l’emploi en se contentant d’un peu de TVA sociale pour un gain de compétitivité symbolique et de beaucoup de flexibilité du travail.
Il veut des pactes de compétitivité dans les entreprises, entre patrons et salariés, qui soient au dessus de la loi en terme de durée du travail et de rémunération, mais, comme il refuse l’entrée des salariés aux conseils d’administration, ces accords seront évidemment subis et forcément déséquilibrés.
Enfin, en culpabilisant les chômeurs qu’ils faudrait contraindre à travailler après formation, il enfourche le traditionnel cheval boiteux de la droite libérale pour laquelle le chômeur est fondamentalement un fainéant.
Nous avons donc entendu le candidat des fonctionnaires contre celui de la grande bourgeoisie libérale !
Vinrent l’immigration où Hollande pleurnicha sur le vote des étrangers et feignit de s’étonner que l’islam ne s’assimile pas si aisément que l’internationalisme le voudrait, tout en maintenant finalement que la France devait continuer à absorber de nouveaux venus au rythme passé.
Sarkozy s’opposa avec raison au vote des étrangers sans échapper à la versatilité de ses convictions, fit mine de s’agiter face aux accords de Schengen dont il fut pourtant solidaire, et s’engagea à réduire de moitié le nombre d’immigrants ce qu’il avait l’opportunité de faire au cours des dix dernières années…
L’internationalisme béat face à un résidu ténu de bon sens national!
Que reste t- il donc de ce débat prétendu essentiel?
Rien, sinon l’affrontement de deux personnalités, de deux ambitions, au service de deux clientèles distinctes mais dans le cadre d’un système imposé de l’extérieur.
Alors que dire sinon que l’on voit bien déjà qui a perdu ?
Tous les Français, non fonctionnaires ou non grands bourgeois qui vont devoir payer pour les clientèles de l’un ou l’autre, en plus de payer leur soumission à une Europe libérale .
Et la France …. C’était notre prophétie d’avant premier tour !
Roger Franchino