Le Président, jeudi soir, a montré, avec une certaine éloquence, une évolution qui pourrait être essentielle pour la France dans les prochains mois.
Le début du commencement de l'aggiornamento tant attendu, ici et ailleurs,pourrait enfin se faire jour.
Les dogmes passés semblent être en passe d'être remis en cause.
Les délocalisations en Europe ayant pour seul objet de profiter de conditions locales artificielles sont condamnées.
Il est pris acte de la faillite de la finance internationale et du modèle anglo saxon de développement dans les services. Le jugement porté sur disparition de l'industrie en Grande bretagne pays pourtant pris pour modèle il y a peu encore par Mr Fillon en dit long .
La fin nécessaire du règne du dollar, et de la domination sans partage des intérêts américains sont clairement exprimés.
La nécessité de l'association des salariés aux résultats et au développement des entreprises, sur un pied d'égalité avec l'actionnariat réapparait enfin, après 40 ans d'éclipse, sous forme de la règle 1/3 pour l'investissement, 1/3 pour le capital, 1/3 pour le travail.
Bref, les principales orientations, disons le honnêtement, vont dans le bon sens et chacun ne peut que souhaiter que Mr Sarkozy mette l'énergie qui est la sienne au service du passage des intentions aux actes.
Pour autant, dans ce processus évolutif, il reste des erreurs d'appréciation notables.
La délocalisation d'usine automobile citée en mauvais exemple, outre qu'il ne s'agit pas de la Tchéquie, mais de la Slovaquie avec l'usine de Peugeot de Trnava, ne s'est pas faite principalement à cause de la taxe professionnelle mais à cause de la différence des niveaux de salaires , de la politique libérale de l'Europe ,et de son acceptation grotesque par la France.
Prenons acte que le salaire moyen dans la Slovaquie de 2006 était de l'ordre de 500€ par mois.
En revanche, que le gouvernement slovaque qui a choisi le dumping fiscal avec un taux uniforme d'impôt sur les sociétés de 19% contre 33% en France et en Allemagne,et qui bénéficiait d'un avantage de change avec la couronne slovaque, puisse être autorisé en plus à offrir pour son usine 360 millions d'euros de subventions à Peugeot , lesquels fonds proviennent principalement de l'Europe , et donc pour partie de la France, était proprement scandaleux.
Ce cas illustre que l'Europe, si prompte à sanctionner des distorsions de concurrence entre groupes, s'en moque lorsqu'il s'agit de distorsion fiscale ou sociale entre les Etats qui la composent puisqu'il s'agit de servir le libéralisme qui l'inspire. Ceci doit être remis en cause, sans concession possible.
Concernant les rapports au dollar et à la puissance américaine, si l'analyse sur le fond montre une inflexion sensible, il conviendrait qu'elle ne soit pas en contradiction avec d'autres actes. Or le retour incohérent avec ce qui précède de la France dans l' Otan augure mal de la liberté de ton et de décision nécessaires pour peser , avec l'appui du reste du monde, sur les décisions futures du G20.
Enfin, pour ce qui est de l'association capital et travail, ce retour au modèle social prôné par le gaullisme est certainement l'annonce la plus importante pour l'avenir de notre société.
Répartir les fruits de la croissance n'est pas seulement justice, c'est aussi reconnaitre que l'entreprise est un tout, et que si l'on veut des salariés entrepreneurs ou entreprenants, il convient de sortir d'un mode de relation que la mondialisation rend toujours plus proche du servage.
Encore faut il aller au bout de la logique, avec la participation des salariés au capital et à la gestion , notamment au sein du conseil d'administration pour les grands groupes.
Encore faut il être prêt à imposer cette évolution au Medef et très certainement aux 3/4 de l'UMP,sans pouvoir compter sur l'appui de la gauche et de la plupart des syndicats
En réalité, rien ne sera possible vriament de la part de la France sur les négociations internationales à venir, sur l'Europe, et dans le pays sur l'association capital travail sans la reconstitution d'un vaste mouvement gaulliste.
Bienvenue donc à ces déclarations, et attendons leur traduction dans les actes!
Katsumoto