En quelques semaines, le monde a vu le commencement de la fin d’une époque qui porte en son sein la naissance d’une autre .
Nous vivions depuis une vingtaine d’années sous le système ultra libéral venu des USA, à l’apogée de leur puissance depuis l’effondrement de l’URSS. Ce système, sans garde fous, s’est emballé nourri d’idéologie et de dérégulation financière jusqu’ à créer les conditions de son propre effondrement.
Nous pouvons parier que comme symboles de ce changement ,les Historiens retiendrons plus tard trois évènements : la crise financière marquant le déclin des USA, l’envoi de spationautes symbole de l’essor de la Chine, l’élection d’Obama témoin de l’avènement d’une nouvelle société americaine.
Le premier signe le début de la fin de la suprématie d’une Amérique endettée à l’extrême, imposant sa loi et sa culture au monde grâce en particulier aux privilèges du dollar , monnaie de réserve du monde manipulée dans l’intérêt d’un seul Etat .
Le second atteste de la maîtrise technologique acquise par l’Empire du Milieu , qui s’émancipe peu à peu de son rôle d’atelier à bas coûts du Monde. La Chine prend rapidement sa place autonome de superpuissance, la quête forcenée du profit court terme de l’Occident capitaliste ayant construit la puissance de son principal concurrent. Ainsi se vérifie ,en partie pour l'instant, la prophétie de Lénine, reprise par Mao : ils nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons.
Le troisième marque le déclin de l’Amérique du western, manichéenne, intégriste, et l’éclosion d’une société plus tolérante et plus ouverte. Le Monde devrait en bénéficier sans cependant s’illusionner sur Obama élu pour sauver l’empire.
Et nous ? Que dire d’abord de l’Europe ?
Sinon que ces dernières semaines ont montré une Commission Européenne désemparée dans son idéologie libérale déchue. Les seules mesures efficaces ont été prises par les dirigeants des pays, non pas solidaires comme l’ont montré les tensions franco allemandes, mais sous la contrainte et l’urgence des évènements. Les Anglais ont nationalisé des banques, les concentrations se sont accélérées et personne ne s’est préoccupé, comme c'eut été le cas , de savoir si cela créerait des « distorsions de marché»
Exit la Commission !
Ces mesures ont été prises par les 4 ou 5 pays les plus importants ,les autres étant priés de suivre sans rechigner.
Exit les utopies supranationales , traités simplifiés et Constitution européenne !
La BCE s’est enfin résolue à injecter des liquidités et baisser peu à peu ses taux d’intérêt quand elle s’est aperçue que la récession allait toucher aussi l’Allemagne.
Exit l’inflation !
Les gouvernements ont ouvert grandes les vannes des dépenses publiques et des déficits budgétaires dans l’espoir , très tardif et insuffisant, de soutenir l’économie. Ce qui était inconcevable quand notre croissance languissait depuis des années, le devint soudain, sans qu’aucun des ayatollahs du pacte de stabilité, français ou étranger, ne lance de fatwa.
Exit Maastricht !
Reste l’euro…..dont certains disent qu’il fut un bouclier. Certes reconnaissons que dans les circonstances présentes, en son absence, nous aurions probablement venant d’Espagne ou d’Italie des dévaluations « compétitives » Mais si la BCE continue sa politique de petits pas en matière de taux d’intérêts quand la Banque d’Angleterre, du Japon, et la FED ont réduit drastiquement leurs taux, si la récession s’aggrave, alors l’euro pourra se voir remis en cause.
La création d’une zone monétaire européenne, nous a garantit jusqu’ici de ne pas participer aux phases de croissance et de partager les phases de récession !
Et nous encore? que dire de la France ?
Certes que notre Président s’est activé avec un certain pragmatisme tant la crise a pris à contre pied ses crédos .
Mais par delà le discours, on voit bien que l’idéologie libérale résiste .
Sur le plan économique, on a garanti les banques sans réintroduire l’Etat comme actionnaire, on vilipende le management dévoyé sans saisir l’occasion pour imposer la participation des salariés à la gestion de l’entreprise, on relance sans grande ambition industrielle autre que le numérique. Nous verrons bien, si la réunion du G20 sera l’occasion pour la France d’entraîner l’Europe et les puissances montantes dans la remise en cause nécessaire du statut du dollar.
Sur le plan social les disciples de Thatcher sont à l’œuvre, autorisant le travail le Dimanche quitte, tel le pompier attisant l’incendie, à regretter demain la dilution de la famille et de l’éducation, introduisant sournoisement ,suivant la méthode des tranches de saucissons chère au ministre du Travail, la retraite à soixante dix ans.
Exit les illusions!
Au centre, il y a moins de monde que jamais , puisque l’Europe des fictions s’écroule.
Ailleurs , apparaît une gauche montante avec le parti de Besancenot qui accueillera les déçus du PS et du PC avec des concepts périmés certes, mais aussi un discours nouveau qui peut répondre à la détresse de ceux qui souffriront de la crise. .
Nulle part, il y a encore le PS , farce d’élèves de bonne famille, dramatiquement dépourvue de scénario , dont les acteurs tous assez nuls ne proposent qu’un pâle remake de la série Dallas.
Exit le passé!
Seul reste l'espoir..et demain le recours.
l’Europe redevenant ce qu’elle peut et doit être, l’idéologie libérale ayant dans ses excès failli tout comme son pendant collectiviste, on s’apercevra bientôt que l'espoir et le recours, une fois encore viendront d'une nation rassemblée autour d ‘une ambition exigeante pour la France dans l’intérêt de tous les Français ,avec l'association active de chacun dans la collectivité comme dans l’entreprise.
Katsumoto