<br /> <br /> Si la vérité blesse, c’est la faute de la vérité(1)<br /> <br /> <br /> Nicolas Sarkozy a voulu faire patte de velours, mais sa prestation télévisée du 12 juillet<br /> sur France 2 sonnait faux. Il promettait de parler des problèmes de la France et des Français, il a évoqué en longueur l’affaire Woerth et magnifié « sa République » qu’il juge<br /> irréprochable. Il ne m’a pas convaincu, ni sur l’affaire ou les affaires, ni sur « sa » république.<br /> <br /> <br /> L’arbre qui cache la forêt<br /> <br /> <br /> Cet entretien a néanmoins débouché sur un point que l’on peut considérer comme une avancée<br /> : le poste de trésorier de l’UMP du Ministre du travail. Mais attention ! Ce n’est pas une décision, simplement un conseil qu’Eric Woerth a rapidement entériné. Nicolas Sarkozy aurait dû aller<br /> bien plus loin. L’incompatibilité entre fonctions ministérielles et responsabilités au sein d’un parti politique devrait être la règle constitutionnelle intangible afin d’assurer un exécutif<br /> totalement indépendant des pressions partisanes et collectivement solidaire. Ce n’est plus le cas depuis la dernière réforme institutionnelle qu’il a voulue.<br /> <br /> <br /> Woerth victime ? Et lui ?<br /> <br /> <br /> Aussi, et peut-être plus que son Ministre nous a-t-il fait comprendre, voulant, toujours<br /> et encore, être le premier.<br /> <br /> <br /> Mais le Chef de l’Etat se dit blindé. « Les calomnies, j’y étais<br /> préparé » a-t-il affirmé.<br /> <br /> <br /> Clearstream, c’est lui la victime ose-t-il affirmer. Pour ma part, j’avais cru comprendre<br /> que c’était un autre. La fréquentation de la famille Bettencourt ? Deux ou 3 fois en 20 ans. Et il pense que d’affirmer ainsi « sa » vérité suffit pour en faire « la » vérité<br /> ?<br /> <br /> <br /> Pour Emile Zola, « La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules<br /> assurent la grandeur des nations ». Nicolas Sarkozy devrait s’en inspirer.<br /> <br /> <br /> Les Français rejettent sa politique<br /> <br /> <br /> Ce que les Français retiennent de ces derniers mois, c’est avant tout leurs difficultés<br /> quotidiennes et l’injustice face à la crise : chômage, fin de mois difficiles, blocages des revenus, augmentations du gaz, de l’électricité, mais aussi le bouclier fiscal, l’indécente<br /> augmentation en un an du patrimoine des plus grandes fortunes de plus de 25%, la réforme des retraites certes indispensable, mais à la condition d’être équitable, ce qui est loin d’être le<br /> cas.<br /> <br /> <br /> « J’ai été élu pour résoudre les problèmes de la France et des Français… »<br /> rappelle-t-il avant de conclure notamment en direction de Jacques Chirac : « … des problèmes qui n’ont jamais été résolus depuis des années ».<br /> <br /> <br /> Les Français n’y croient plus comme le confirme le sondage CSA Parisien/Aujourd’hui en<br /> France réalisé le 13 juillet : 60% de nos compatriotes l’ont jugé pas convaincant sur l’affaire Bettencourt-Woerth ou sur la réduction de la dette et du déficit. Ceci est d’autant plus réel que,<br /> depuis, chaque jour apporte des éléments nouveaux qui ne font qu’amplifier cette tendance.<br /> <br /> <br /> Inutile, donc sans aucune conséquence<br /> <br /> <br /> Une fois de plus, l’intervention du Chef de l’État était inutile. Il ne veut entendre<br /> personne, ni sur les dossiers sociaux, ni sur la gouvernance. Et la France, dans l’Europe et dans le Monde ? Rien.<br /> <br /> <br /> Des affaires franco-françaises déballées à la face du monde ; c’est çà la France<br /> ?<br /> <br /> <br /> Alain KERHERVE<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1) Extrait de sa Conférence de presse – 4 Mai 2004<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />