Un titre provocateur et pourtant...En cette fin d ‘été, L’Histoire semble bégayer…nous ne sommes pas en 2020, mais quelque part entre 1932 et 1936, dans les années de la grande Crise de 1929 avec les fermetures d entreprises, le chômage de masse, la guerre civile qui guette, et les menaces extérieures qui s ‘accumulent…
L ‘irruption du covid 19 met à l’épreuve tous les pays mais révèle plus cruellement le délabrement moral, politique, économique, social de la France.
Nous aurons d’ici la fin de l’année 800 000 à 1 million de chômeurs de plus, et le gouvernement nous présente un plan de relance de 100 milliards € qui selon sa propre estimation ne créerait que 160 000 emplois en 2021 !!
Contre beaucoup d ‘analyses complaisantes , je prétends que ce plan « relance France » est à la fois un mensonge sur l’écologie, une méconnaissance de l’Histoire économique et un colossal détournement de fonds au bénéfice des intérêts partisans du Président .
Un mensonge écologique car 30 milliards € investis dans la transition énergétique ne contribueront en rien à l’évolution du climat de la planète puisque la France ne représente que 0,9% des gaz à effet de serre, contre 29% la Chine, 15% les USA et même 2,2% l’Allemagne !
Même si la France, ne produisait plus un gramme de gaz à effet de serre, cela n’aurait aucun effet significatif sur le changement climatique !
Tout autre serait l’impact d’une réduction des importations chinoises en Europe, la renonciation aux traités du Mercosur et du Ceta, c ‘est à dire le contrepied des souhaits de Bruxelles ou Macron.
Une méconnaissance de l’Histoire économique car le redressement consécutif à la Grande Dépression de 1929 ou à la Seconde Guerre Mondiale n’ a été possible aux USA comme en Europe que grâce à la commande publique massive.
C ‘est la commande publique qui peut stimuler immédiatement l’activité et favoriser l’emploi de suite en ciblant les industries à plus fort effet démultiplicateur.
Or dans le plan présenté figurent bien peu de commandes publiques et beaucoup d’incantations sur le « numérique de demain » ou l’ordinateur quantique d’après demain !
Les réductions de charge de 20 milliards € sur la production pour nécessaires qu’elles soient ne remplissent pas les carnets de commande qui seules génèrent les recrutements…et ce ne sont pas 3 milliards d ‘euros saupoudrés qui vont ramener en France les usines !
Enfin les 35 milliards € pour le « traitement social » n ‘ont d’autre but, hormis le chômage partiel temporairement nécessaire et le sauvetage incontournable de l’hôpital public, que d’acheter la paix sociale avec 300 000 emplois bidons pour les jeunes, des programmes de formation « garage », et des « aides » qui sont dans la plus pure tradition de l’impuissance socialiste des années 80.
Tout autre serait un plan ambitieux de redressement économique de la France sans lequel la société divisée et appauvrie par 40 ans d ‘errements pourrait glisser un peu plus vers la violence ou la soumission.
Tout autre serait un pouvoir qui, appréciant avec lucidité les réalités de notre temps, ses enjeux et ses menaces pour la France, prendrait résolument le chemin que les circonstances et l’avenir dictent au lieu de se vautrer dans les calculs du marigot politicien.
Et en premier lieu, dans l’urgence du moment, c’est bien la commande publique qui peut et doit relancer sans tarder l’économie pour répondre à nos défis tout en privilégiant les outils industriels dont nous disposons encore pour créer ou sauver les emplois en quantité.
Ces défis, quels sont-ils ?
Le réchauffement climatique, bien sûr, que nos politiciens ont tant tardé à prendre à bras le corps, mais aussi et tout autant les menaces croissantes sur la paix qu’ils continuent d‘ignorer de peur d ‘avoir à reconnaître qu’ils ont sacrifié notre sécurité à des utopies supranationales ou, pire, à leur frénésie d ‘assistanat supposé acheter les voix des électeurs.
- En matière de réchauffement climatique, la priorité compte tenu de la trace minime de la France sur l’évolution du climat, n ‘est pas de gaspiller l’argent dans des plans sans effet sur un réchauffement créé par d’autres, mais bien de protéger au mieux notre territoire et nos populations de ses effets.
Notre survie dépend tellement de l’eau qu’il faut dès maintenant anticiper la fin de l’abondance en eau douce qui caractérise notre pays depuis des millénaires et les ravages sur nos côtes de la montée du niveau des océans.
- Travaux de réduction des déperditions de milliers de kilomètres de canalisations diverses, d’accroissement de la collecte, de la régulation et de la conservation des eaux de pluie, modification des systèmes d’irrigation et de traitement .
- Grands travaux de protection de nos côtes ( Nouvelle Aquitaine, Pays de Loire, Bretagne, Pas de Calais ) et des populations les plus menacées par l’accroissement du niveau des mers ( 1 cm /an).
Ces mesures très lourdes de travaux publics devraient représenter au moins 20 milliards € sur 3 ans, ce qui compte tenu de leur effet multiplicateur permettrait de créer 130 000 emplois directs, indirects et induits (à condition de n’avoir pas recours à des travailleurs détachés de l UE..) Le solde de 10 milliards € devrait prioritairement servir à la recherche et à l’investissement pour rendre plus économes en eau les cultures , les forêts et les bâtiments . Il n ‘est pas possible de chiffrer avec précision le nombre d ‘emplois créés, mais l’expérience montre qu’ on pourrait en attendre 20 000 à 30 000 supplémentaires.
Au total, affronter avec sérieux les vraies conséquences du réchauffement climatique à venir pour la France, c ‘est créer au moins 150 000 vrais emplois « écologiques » dès 2021 pour gérer la question des eaux sans quoi tous les autres efforts seraient vains!
- Géopolitiquement, le temps de la pax americana s’achève bousculé par les ambitions de la Chine qui veut lui substituer sa domination, tandis que l’hystérie islamiste mine une bonne partie du monde, et que la Russie prépare méthodiquement son retour.
A ce nouvel univers en recomposition s’ajoutent la remise en cause des équilibres économiques causée par le covid, l’appauvrissement qui s’ensuit amplifié par une démographie galopante, la chute du pétrole qui fragilise les producteurs, le spectre d’une crise financière majeure nourrie par des liquidités folles, le renforcement des courants migratoires et les tensions communautaristes manipulées de l’étranger.
Tout en cette fin d’été concourt à un monde beaucoup plus dangereux.
La moindre des menaces n ‘étant pas , tout comme dans les années 30, le peu de respect et de crainte qu’inspirent aux dictateurs l’avachissement des démocraties dont nous sommes malheureusement un triste exemple.
Partout les budgets militaires ont explosé, notamment en Chine, en Russie, aux USA …sauf en notre France assoupie dans l’illusion d’une paix éternelle à l’abri de sa dissuasion ou de la protection improbable d’une OTAN en perte de vitesse et soumise aux humeurs de l’Amérique..
Pourtant si la Chine devait s ‘intéresser au nickel de la Nouvelle Calédonie ou à la Réunion, quelles forces la France pourrait elle opposer avec son seul porte avion ?
Et si Erdogan, installé en Lybie, prenait à revers Barkane ou fomentait des troubles en France via ses 140 imams, de quels moyens pourrions nous disposer alors que , comme pour les masques , nous manquons non seulement de matériels mais même de munitions ou de pièces détachées suffisantess pour soutenir un affrontement ( voir rapport Assemblée Nationale Griveaux/Thériot) ?
Reléguée économiquement loin derrière l’Allemagne depuis 20 ans, la France ne parvient laborieusement à maintenir son rang en Europe que par la puissance militaire construite hier, mais celle ci laminée par les OPEX et les coupes budgétaires, n ‘est plus que l’ombre d ‘elle même et serait bien incapable de faire face à une vraie confrontation en Europe ou ailleurs.
Passons outre en réveillant les Français qui pour la plupart se croient à l’abri de ces épreuves ce qui est une erreur funeste démentie par 5 000 ans d’Histoire : « si vis pacem , para bellum » disait la sagesse romaine !
La protection de la France et des Français, de leur rang en Europe, de notre souveraineté et de nos libertés, de notre paix, et également de nos emplois exige de rétablir notre potentiel militaire et ce faisant de relancer par la commande publique la première des industries de la souveraineté que des dirigeants idéologues de la supranationalité et traitres à la Nation bradent depuis trop longtemps..
La France a abandonné sa production multiséculaire de fusils et de mitrailleuses au profit de l’Allemagne et de l’Autriche, décidé que le prochain char de combat serait franco-allemand ce qui profitera à l’Allemagne dont les industries mécaniques dominent, et qu’il en serait de même pour le futur avion de combat ce qui sonnera le glas de la primauté aéronautique française en Europe.
Combien d’emplois qualifiés supprimés, combien de bassins d’emploi vidés, combien de compétences à jamais sacrifiées , combien de recettes fiscales perdues, et combien à venir sur l’autel d’une idéologie eurobaba ?
Il faut mettre fin à cet assujettissement consenti au nom d’une utopie supranationale qui n ‘aboutira jamais, et dont la poursuite obstinée se fait ,comme l’euro, à notre détriment.
Un rapport de l’Assemblé Nationale rédigé par Benjamin Griveaux et Jean Louis Theriot met en évidence « la place de l’industrie de défense dans la politique de relance » à la fois pour soutenir l’aéronautique et ses milliers d’emplois menacés de disparition par l ‘effondrement du civil, et pour sauver les entreprises indispensables au maintien de notre souveraineté comme par exemple la fabrication des futurs sous marins de la dissuasion nucléaire.
Au delà des 15000 emplois perdus par Airbus, ce sont 50 000 postes qui sont menacés chez les sous-traitants , et encore autant chez Dassault, Safran , Thales.
Ces emplois détruits souvent avec leurs entreprises disparaitront définitivement tant il serait difficile de reconstituer un tissu industriel patiemment construit pendant 50 ans.
Aux yeux des rapporteurs, l’Etat arrive à une séquence historique où c ‘est à la Défense de prendre le relais des marchés civils et export.
« L’industrie de Défense constitue un canal de transmission d ‘un effort budgétaire de relance qui paraît plus efficace que d ‘autres secteurs, pour quatre raisons :
- Elle est immédiatement disponible pour recréer de l ‘activité
- Le multiplicateur keynésien est plus élevé que dans d’autres secteurs ( un million € investi crée 26 emplois directs, indirects et induits)
- L ‘industrie d ‘armement irrigue l’ensemble du territoire
- C ‘est une industrie de main d ‘œuvre et de haute technologie qui bénéficie à la « croissance potentielle » comme le prouve le rôle moteur du Pentagone dans l ‘avance technologique des USA.
Or le plan de relance final n ‘y fait aucune place, montrant combien la « souveraineté » en paroles de Macron reste très éloignée de ses actes.
Pourtant, le Chef d’Etat Major des Armées, le Général Lecointre déclarait sans ambiguité durant son audition à l’Assemblée Nationale du 16 Octobre 2019 que les forces armées françaises avaient désormais un format trop restreint pour faire face aux menaces présentes et à venir !
Les armées ont subi le même sort que la Santé, la Justice, la Police : l’Etat, coincé entre les dicktats de Maastricht et l’assistanat tous azimuts, a abandonné ses tâches régaliennes qui sont pourtant sa première raison d’être.
La loi de programmation militaire 2019 -2025 basée sur le Livre Blanc datant de 2013 est dépassée militairement avec, en 2030, seulement 200 chars de combat, 185 chasseurs modernes , 15 frégates et 6 sous marins d’attaque.
Selon de nombreux experts militaires et hauts gradés de l’état major , il manque pour protéger ce pays à court terme un supplément de 250 chars, 120 Rafale , 200 drones de combat, 6 escadrons de défense anti aérienne, un porte-avions, 9 frégates, 6 sous-marins d’attaque, 16 corvettes.
Auxquels devraient s’ajouter une vingtaine de programmes pour, à l’horizon 2030 , faire face avec efficacité aux menaces, qu’elles viennent de Chine, de Russie de Turquie ou de tout autre horizon, et pour entrainer l’Europe avec ou non le soutien des USA.
Cet ensemble représenterait un investissement supplémentaire de 10 milliards € pendant 10 ans lequel permettrait de créer ou sécuriser 350 000 emplois industriels ( dont les 100 000 menacés de l’activité civile).
Sachant que l’industrie de Défense importe peu de l’étranger, contribue uniquement au développement national, et est un de seuls secteurs excédentaires de notre balance commerciale, 1 million € investis dans ce secteur génère 1,3 million € de recettes ou économies budgétaires sur 5 ans ( recettes fiscales, cotisations sociales, économie chômage…) , ce qui fait que cet investissement aune contribution positive à nos finances inégalée.
En incluant le civil qui pourra redémarrer grâce au tissu industriel sauvé ce sont au total de 400 000 à 450 000emplois , souvent très qualifiés, que l’investissement dans leur propre protection offrirait aux Français !!
Evidemment les idéologues de l’angélisme pacifiste qui en vérité honnissent leur pays, les professionnels du raser gratis de l’assistanat , ou encore d ‘une Europe devenue allemande trouveront à vociférer.
Evidemment les poètes de l’éolienne , des voies ferrées, et de la « vélorution » ne trouveront peut-être pas leur compte dans la priorité donnée à la protection de l’eau et de nos côtes.
Mais le sens des réalités, le pragmatisme, et l’ambition pour la France et les Français sont ici .
Créons pour nos jeunes gens sacrifiés depuis 40 ans des emplois stables et de qualité.
Redonnons un espoir et un avenir à une France sure d’elle-même parce qu’assurée enfin de son chemin.
Faisons des défis de demain le départ de notre renouveau !
Roger Franchino