Il aura donc fallu 6 mois d’intervention de l’Otan et de soutien de toutes sortes aux « rebelles » pour qu’enfin les insurgés pénètrent dans Tripoli et que le régime de Kadhafi soit sur le point d’être balayé.
Que les Lybiens puissent enfin espérer vivre un monde meilleur, des perspectives démocratiques, c’est une excellente chose , un espoir pour tous les opprimés notamment syriens, et une sécurité de ce côté de la Méditerranée.
Pour autant, six mois pour venir à bout des forces d’un dictateur d’un petit pays de 7 millions d’ habitants, et pour cela devoir s’appuyer sur l’Otan, doit nous amener à nous interroger sur les objectifs de la France, sur sa stratégie, et sur ses moyens.
Pour les premiers il est clair que nous sommes dans la plus grande confusion puisque enfermés dans notre tropisme européen et atlantique , nous n’avons plus de clairs objectifs en tant que puissance indépendante.
De là ont découlé l’alignement sur les USA dans leur désastreuse aventure en Afghanistan, tout comme le retour inutile dans l’Otan .
De là découle notre alignement sur l’Allemagne puissance économique dominante dans une Europe libérale dont la fédéralisation en préparation n’a d’autre objet que de créer un pendant économique à l’Otan.
Cette absence d’objectifs en tant que Nation indépendante nous conduit inévitablement à une stratégie de supplétifs : nous ne sommes plus prêts à agir de manière autonome ni dans notre ancien pré-carré en Afrique, ni à nos propres frontières comme on l’a constaté en Lybie, ni demain sur notre propre territoire comme nous y conduirait la ridicule « règle d’or ».
En peut-il être autrement d’ailleurs, puisque nous ne semblons plus en avoir les moyens militaires à force de rogner les budgets de la Défense et de les disperser pour des causes qui ne sont pas les nôtres ?
La langueur des opérations lybiennes en attestent.
Nous répétons ici, quoiqu’en diront les chroniqueurs du système qui chanteront les louanges du pouvoir, que la France, si elle est encore ce qu'elle prétend, aurait dû organiser une frappe massive, surprise et chirurgicale sans délai en Mars dernier éventuellement avec les Britanniques, puis armer et conseiller les rebelles non islamistes.
Faut il rappeler qu’Israël, en quelques heures le 5 Juin 1967, a détruit 300 des 340 avions égyptiens…La Lybie n 'en avait pas le tiers !
Agir fermement et rapidement, c’était permettre d'aboutir vite et rétablir notre crédibilité en Afrique et au-delà puisque personne parmi les grands, au delà des protestations d'usage, ne s'en serait formalisé évidemment.
S’enferrer dans des arguties sans fin avec l’Onu et l’UE alors que la morale était de notre côté, puis dans de laborieuses sorties aériennes en mol appui de « rebelles » dont une bonne part ne sont pas nos amis , c’était n’apparaitre que comme un auxiliaire au poids militaire douteux et à l'influence politique limitée.
Tant mieux si finalement nous échappons à un enlisement qui menaçait, mais l 'après Kadhafi nous rappellera inévitablement la voie que nous avons choisie.
Déjà dans les discussions sur l’avenir, certaines rumeurs disent que le CNT, semble privilégier Washington et Londres en termes de contrats pétroliers…
Déjà le poids des islamistes dans le gouvernement national de transition pose la question de notre influence réelle et surtout celle de la clarté des objectifs poursuivis.
Mais voilà … la réalité est que nous n' avons pu réunir qu' une quarantaine d’avions, quelques hélicoptères, et mobiliser une courte période notre seul porte avion incapable au demeurant de rester en opérations de façon prolongée…
La vérité est que ces moyens étaient évidemment insuffisants pour agir seuls, et c’est cette vérité qui a été travestie par l’action diplomatique auprès de l’ONU, l’UE et l’OTAN et qui a failli être fatale aux insurgés de Benghazi compte tenu des atermoiements des uns et des autres.
C’est cette perte d’autonomie, ce déclin de nos moyens donc de notre degré de liberté que cachent les responsables du parti du renoncement au pouvoir depuis 40 ans.
Et c'est cette conséquence de leur renoncement, d 'ailleurs bien plus large, qui devrait nous amener à recentrer notre politique sur des objectifs réalistes, bannissant toutes les gesticulations qui, en prétendant beaucoup en paroles mais en cèdant plus encore en actes, sont devenues sujets de railleries dans le monde entier, à commencer par l'Europe.
C’est cela qu’il faut retenir dans l’immédiat puisque c’est cela qui fait question pour l’avenir du pays.
Certes nous participerons aux discussions du côté des « alliés » après la chute de Kadhafi, et peut être même tenterons nous d'aider à ce que la Lybie de demain ne tombe pas dans des mains indésirables et ne nous oublie pas.
De cela dépendra évidemment que la victoire de la coalition ne soit pas une victoire à la Pyrrhus.
Mais cette victoire n ‘est qu’une victoire par procuration pour la France…et il en sera désormais ainsi tant que nous n’aurons pas décidé de retrouver notre indépendance, de nous recentrer de manière active sur nos zones d’influence stratégiques que sont l’Europe et l’Afrique et de nous en donner les moyens suffisants.
Là est la réalité des choses dans le monde tel qu'il est: le reste n 'est qu 'apparence ou nostalgie d'un passé que le parti du renoncement a contribué à enterrer.
Katsumoto